Articles de sport de seconde main : Sporteed développe la marque blanche et vise les 170.000 clubs de sport en France

Sporteed, la plateforme française de vente d'articles et matériels de sport de seconde main, cherche le chiffre d’affaires additionnel qui lui permettrait de financer son développement en alternative à une quatrième levée de fonds, compliquée actuellement. Son fondateur Greg Cottret vise une offre dédiée aux 170.000 clubs de sport en France.
Cécile Chaigneau
Sporteed, la plateforme française de vente d'articles et matériels de sport de seconde main, annonce 170.000 inscrits.
Sporteed, la plateforme française de vente d'articles et matériels de sport de seconde main, annonce 170.000 inscrits. (Crédits : Sporteed)

Créée en juin 2021 par Greg Cottret, la startup Everleed, installée à Clapiers près de Montpellier, a développé une plateforme de vente d'articles et matériels de sport de seconde main, baptisée Sporteed. Fonctionnant sur le même principe que Vinted, elle est destinée à tous les sportifs particuliers, qu'ils soient amateurs ou athlètes, aux clubs de sports, aux professionnels et aux distributeurs de marques. Mais le dirigeant insiste bien sur l'identité de la plateforme : « Nous sommes ouverts aux professionnels et on peut vendre des produits neufs issus de collections anciennes et invendus - on l'a par exemple fait pour le grossiste vélo Mavic - mais on cherche surtout à développer une fibre écologique et les circuits courts, on veut garder l'identité seconde main ».

Trois ans plus tard, la plateforme a dépassé la barre des 170.000 acheteurs et vendeurs inscrits, indique Greg Cottret qui évoque « une croissance régulière ».

« Plus le nombre d'inscrits augmente, plus le nombre de produits augmente : aujourd'hui, 47% des inscrits mettent un produit sur la plateforme, soit 85.000 produits, précise le dirigeant. Le panier moyen est de 42 euros contre 35 euros il y a peu. Nous avons réalisé des ventes de 70 sports différents. Les produits sont vendus plus ou moins vite selon les sports : l'équitation est le sport phare sur Sporteed et on propose une cinquantaine de produits différents qui peuvent donc partir en trois ou quatre jours. Pareil pour le tennis, le vélo ou la course à pied. C'est plus long pour la plongée sous-marine par exemple... »

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« C'est comme s'ils avaient leur propre boutique en ligne »

En 2023, la startup a réalisé une troisième levée de fonds (225.000 euros) auprès de business angels, initialement pour booster son déploiement à l'échelle européenne. Alors que la plateforme Sporteed est déjà présente en Belgique, « où les gens sont de grands consommateurs de seconde main », souligne Greg Cottret, le dirigeant visait le Luxembourg mais la complexité du marché l'a fait reculer et recentrer ses forces sur la France et la Belgique.

« On prépare une quatrième levée de fonds d'un million d'euros pour s'exporter, mais la période n'est vraiment pas propice, donc on cherche à faire davantage de chiffre d'affaires pour éventuellement la repousser », explique aujourd'hui Greg Cottret.

Le chef d'entreprise a identifié un axe de croissance à explorer plus avant : les 170.000 clubs de sports existants en France. Il vient d'élaborer une offre dédiée, accessible en mode SaaS à raison de 15 euros par mois, et proposée en pré-test depuis début juin.

« Nous avions un système de réversion pour le club qui s'inscrivait : il bénéficiait d'un code de parrainage et pour tout achat fait sur la plateforme, nous reversons 25% de la commission au club, détaille-t-il. Mais ce n'était pas assez engageant pour les clubs. Nous avons donc mis au point un système de plateforme en marque blanche pour les clubs de sport via un abonnement mensuel, avec le nom de leur club et une page dédiée. Le principe, c'est qu'ils perçoivent 100% de la commission pour chaque achat passant par leur page. C'est comme s'ils avaient leur propre boutique en ligne, sur laquelle mettre en vente leurs propres équipements et ceux de leurs licenciés.

Nous nous rémunérons sur l'abonnement. Avec 170.000 clubs en France, ça peut faire un chiffre d'affaires additionnel suffisamment important pour nous permettre de ne pas attendre la levée de fonds pour accélérer et consolider notre marché en France, se structurer et ouvrir un autre pays. Et atteindre notre point de bascule qui se situe à 600.000 personnes inscrites... Nous avons commencé à travailler avec la Ligue de tennis d'Occitanie. »

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104.000 tonnes jetées

Le secteur du sport est concerné par le phénomène de seconde main comme l'ont été avant lui les vêtements (Vinted) ou les voitures, le mobilier et autres désormais mis en vente sur Le Bon Coin et consorts... Fin 2020, dans une étude préalable à la mise en place d'une filière REP articles de sport et de loisirs, l'Ademe estimait à 104.000 tonnes d'articles de sport et de loisirs qui étaient jetées chaque année. Des acteurs se sont déjà positionnés, généralistes comme Emmaüs, ou spécialisés comme des réparateurs de vélos ou le réseau de Recyclerie sportive qui se déploie sur le territoire. En 2020, l'Ademe indiquait ainsi que 6,4% des articles de sport et de loisirs faisaient l'objet d'un réemploi (dont 3,6% de cycles).

Decathlon avait été précurseur, en lançant son Trocathlon en 1986, un événement de dépôt-vente permettant à n'importe quel sportif de vendre son matériel ou d'acheter un produit de seconde vie. L'enseigne sportive vient même de lancer, le 31 mai dernier en Belgique exclusivement pour le moment, sa plateforme en ligne de revente d'articles de sport d'occasion entre particuliers. Un concurrent sérieux pour Sporteed...

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« La seconde main dans le sport, c'est en train de changer »

Pourtant, le succès de la seconde main dans le milieu du sport n'était pas gagné d'avance.

« Le problème du sportif, c'est qu'il aime avoir des produits neufs et dernier cri, et il prend soin de son matériel, analyse Greg Cottret. Il y a trois ou quatre ans, la seconde main ne s'était pas encore développée pour les sportifs mais c'est en train de changer. Ça peut être pour tester un nouveau sport, pour s'équiper à moins cher. Par ailleurs, les gens se rendent compte que ça ne sert à rien de stocker son matériel chez soi et que la seconde main peut valoir le coup... »

Aujourd'hui, la plateforme Sporteed enregistre 85% de ses consultations et du nombre d'inscrits sur son application mobile, 80% préfèrent l'application pour vendre mais 50% la plateforme internet pour acheter. Le fondateur de Sporteed sait qu'il n'est pas seul sur le créneau mais mise sur l'effet « communauté sportive » qu'offre son environnement, même si « la pratique, c'est de mettre produits sur plusieurs plateformes ».

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Cécile Chaigneau

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