Salon du nautisme Multihull Show à La Grande Motte : après trois années record, un probable « retour à la normale »

SÉRIE Nautisme (1/3) - Après trois ans d’embellie, le secteur de la plaisance semble donner les premiers signes d’un ralentissement de l’activité. C’est donc dans un contexte structurellement bon mais sans euphorie que l’International Multihull Show largue les amarres à La Grande Motte (Hérault) du 3 au 7 avril. Les détails avec Jean-Paul Chapeleau, président de la Fédération des Industries Nautiques (FIN).
Le salon international Multihull Show se déroulera à La Grande Motte du 3 au 7 avril 2024.
Le salon international Multihull Show se déroulera à La Grande Motte du 3 au 7 avril 2024. (Crédits : Dominique David)

La Fédération des Industries Nautiques (700 adhérents et plus de 5.000 entreprises) est organisatrice du Salon Nautique de Paris et du Yachting Festival de Cannes, et partenaire du Grand Pavois à La Rochelle et des Nauticales à la Ciotat. Elle vient de reprendre l'organisation du salon international Multihull Show, qui se déroule à La Grande Motte du 3 au 7 avril.

LA TRIBUNE - Pourquoi avoir fait l'acquisition, en septembre 2023, de la société M2O, propriétaire du Salon International du Multicoque à La Grande Motte ?

Jean-Paul CHAPELEAU, président de la Fédération des Industries Nautiques - L'International Multihull Show, lancé en 2010 par Philippe Michel et Frédéric Morvant, deux passionnés de nautisme, s'est rapidement imposé comme référence mondiale auprès des professionnels pour soutenir la filière des catamarans et trimarans, à voile et à moteur. Après quatorze éditions, les deux propriétaires de la société M2O avaient prévu de se retirer. Nous étions déjà partenaires du salon et les constructeurs de multicoques avaient notre confiance, ils savaient que nous voulions conserver l'identité du salon tout en assurant son développement.

Quel a été le montant de la transaction ?

Il reste confidentiel mais je peux simplement vous dire qu'il a été supérieur à ce que nous souhaitions...

Dans quel contexte s'ouvre le salon de La Grande Motte ?

Le secteur de la plaisance vient de connaître trois années record, que ce soit en termes de chiffre d'affaires, de taux d'export et d'immatriculations de bateaux. L'année 2024 s'annonce plus compliquée, nous allons sans doute revenir à la normale surtout au vu du contexte inflationniste, des taux d'intérêt et de l'ambiance géopolitique mondiale qui freinent toujours les activités pour nos clients. Mais le secteur du multicoque s'en sort mieux car il a une meilleure mobilité de prise de commandes. Les charters avaient beaucoup renouvelé leur flotte, donc la contraction de leurs programmes était prévisible, en revanche il n'y a aucune activité de repli de la part des acheteurs privés. Le multicoque continue d'être porté par la France qui représente entre 70 à 80% du marché mondial.

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Comment se profile cette 15e édition ?

Elle va être très intéressante car elle va permettre de donner de la visibilité sur le comportement du marché dans les mois à venir. Le salon de la Grande Motte se positionne en demi-saison, après Cannes en septembre et l'Ibex à Tampa USA en octobre. L'édition 2024 du Boot Düsseldorf en janvier a montré une déshérence des constructeurs de multicoques sur ce salon. Les raisons sont multiples : pas d'eaux de navigation à proximité, unités compliquées à transporter, manque de considération pour ce secteur... Le salon de La Grande Motte va, lui, se déployer à flot et à terre (4.000 m2 d'exposition, une soixantaine d'unités, NDLR) avec 150 exposants, des constructeurs, des équipementiers et des prestataires, de treize nationalités différentes.

Quel est le profil des visiteurs ?

Près de 60% des visiteurs viennent du monde entier et ont un projet d'achat dans les trois ans à venir. On compte également 10 à 20% de visiteurs BtoB venus pour des raisons professionnelles. Au total, 15.000 visiteurs sont attendus sur ces cinq jours.

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Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent déjà ?

J'en note deux majeures : une demande pour des unités plus grandes et une montée en puissance des catamarans à moteur. Nous avons d'ailleurs six marques dont deux nouvelles, Aquila et Prestige (respectivement des Etats-Unis et de France, NDLR) qui viendront présenter leurs nouveautés.

Ce segment du catamaran moteur (powercats) a-t-il vraiment un avenir ?

L'idée de se débarrasser du gréement n'est pas nouvelle mais le marché est aujourd'hui plus porteur. Une marque comme Fountaine Pajot propose toute une gamme de powercats. Il faut dire que les avantages sont multiples : confort accru, facilité de manœuvre, simplicité d'utilisation et d'entretien. Mais aussi économie de carburant, puisqu'ils consomment en moyenne 30% de moins qu'un moteur monocoque, ce n'est donc pas anodin, même si leur prix d'achat reste plus élevé que leur équivalent à voile. Même si nous en sommes encore aux prémices, il y a un réel intérêt de la clientèle pour ces bateaux « rassurants ». C'est peut-être une opportunité pour élargir le nombre d'utilisateurs de bateaux. Même s'il reste majoritairement axé sur la voile, le salon va nous permettre de prendre la température sur ce segment.

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Quels sont les nouveautés et temps forts de cette édition ?

Nous avons créé une zone de démonstration dédiée aux petites embarcations et produits innovants. Les visiteurs pourront ainsi découvrir des produits qui tendent vers plus de durabilité, à l'image de l'annexe de catamaran de Catcha Marine, conçue en composite fibre de chanvre bambou/époxy, ou de la gamme Monawa distribuée par AGL Marine, solution permettant le nettoyage des bateaux ou la création de douche de plage à partir d'eau de mer. Nous avons également ouvert un espace dédié aux grands noms de l'architecture et du design de l'industrie multicoque.

Quid des propulsions alternatives ?

Les propulsions électrique et hybrides poursuivent leur développement même si leur nombre reste encore très faible. Le solaire, l'éolien ou l'hydrogénération d'énergie, qui utilise les déplacements de masse, sont très prometteurs. Mais nous avons de la chance car au salon de La Grande Motte, la première propulsion, c'est le vent !

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Anticipez-vous déjà la prochaine édition ?

Nous allons d'abord écouter les retours d'expériences des exposants et des visiteurs qui nous confirmeront, ou pas, dans nos envies, et nous analyserons le niveau des ventes des professionnels. Une chose est sûre : nous souhaitons garder l'ADN de ce salon unique (chiffre d'affaires de l'ordre de 1,2 millions d'euros, NDLR).

Quelques mots sur l'avenir du Nautic, salon nautique de Paris qui change de nom et devient Nautic en Seine?

Le salon, qui aura comme port d'attache les Hauts-de-Seine, change effectivement d'identité avec une nouvelle approche indoor et outdoor plus en phase avec les enjeux environnementaux. Nous avions prévu une édition cet automne, mais après concertation avec les professionnels de l'industrie nautique, leur calendrier était trop chargé en évènements sur cette période. Nous avons donc pris la décision de reporter la date au printemps 2025, et les grands chantiers français se sont engagés à assurer une représentation qualitative sur Nautic en Seine.

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