Été 2021 : l’hôtellerie de plein air a fait le plein

INTERVIEW - Malgré un démarrage tardif en raison de la crise sanitaire, le secteur de l’hôtellerie de plein air dresse un bilan positif de cette saison estivale. Profitant d’une météo favorable, les établissements du littoral méditerranéen, où l’hôtellerie de plein air est un pilier du tourisme, ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu. Le point avec Jean-Guy Amat, président (audois) du Comité exécutif national des chaînes et des groupes de campings.
Jean-Guy Amat est le P-dg du camping Yelloh! Village Le Sérignan-Plage, dans l'Aude, et le président du Comité exécutif national des chaînes et des groupes de campings.
Jean-Guy Amat est le P-dg du camping Yelloh! Village Le Sérignan-Plage, dans l'Aude, et le président du Comité exécutif national des chaînes et des groupes de campings. (Crédits : DR)

S'il est encore trop tôt pour donner les statistiques officielles de la fréquentation touristique en hôtellerie de plein air, les indicateurs laissent entrevoir une saison globalement satisfaisante. Le point avec Jean-Guy Amat, P-dg du camping Yelloh! Village Le Sérignan-Plage (Aude) et président du Comité exécutif national des chaînes et des groupes de campings.

LA TRIBUNE - A mi-septembre, que pouvez-vous déjà dire de cette saison estivale 2021 ?

JEAN-GUY AMAT - Du fait des contraintes sanitaires, la saison a démarré tardivement, mais elle est en train de se prolonger. Aussi, malgré le mois de mai amputé, la plupart des établissements semblent avoir retrouvé leur niveau d'activité de 2019. De plus, le ticket moyen de la consommation de services associés a même progressé de l'ordre de 10 à 20%. Même s'il est encore un peu tôt, on peut dire que le bilan de la saison sera globalement satisfaisant.

Quelle a été la typologie de clientèle ?

Comme l'an dernier, les Français sont restés davantage sur le territoire national, certainement en raison de l'attractivité des destinations mais aussi de la fermeture ou des contraintes imposées par des endroits plus exotiques comme l'Espagne ou le Maghreb. La bonne surprise est également venue de la clientèle étrangère, avec certes peu d'Anglais mais pas mal de Néerlandais, et surtout des Allemands qui ont pris leurs vacances en France malgré les restrictions de leur pays (quarantaine à observer au retour, NDLR).

Avez-vous des indicateurs sur la fréquentation en Occitanie, région qui, avec plus de 600.000 lits, a la plus grande capacité d'accueil pour l'hôtellerie de plein air ?

L'Occitanie étant une vaste région, il est difficile à ce jour de sortir une donnée transversale à Vias ou à Lourdes (Hérault ou Hautes-Pyrénées, NDLR) : ce ne sont pas les mêmes enjeux. Je dirais que le littoral méditerranéen a fait une bonne saison car il a bénéficié d'une météo favorable, contrairement à l'Atlantique. L'arrière-pays, lui, semble avoir connu légèrement moins d'engouement que l'an dernier mais attention, ce n'est que mon sentiment. Cela mérite d'être confirmé...

Le pass sanitaire a-t-il été une contrainte, voire un frein, à la fréquentation ?

Pas du tout. Nous avions beaucoup d'inquiétudes quant à sa mise en place. Or dans la majorité des cas, tout s'est fait de manière très fluide. Les contrôles ont commencé le 21 juillet. Les vacances se préparant à l'avance, à leur arrivée, la plupart des vacanciers avaient leur pass à jour. Au final, le pass a eu un effet bénéfique rassurant sur la fréquentation.

Vous gérez le camping Sérignan Plage. Avez-vous eu à déplorer des cas de Covid-19 ?

Début juillet, nous avons rencontré quelques cas, parmi notre personnel et les clients. Puis au mois d'août, pratiquement rien. Est-ce un hasard ? Il semblerait qu'il y ait eu concomitance entre la mise en place du pass sanitaire et la disparition des cas.

Cette crise sanitaire a-t-elle modifié les habitudes comportementales des vacanciers, notamment en termes d'hébergement ?

Tentes et caravanes ne sont plus les produits-phares des campings... Les vacanciers recherchent des mobil-homes ou d'autres hébergements locatifs, souvent avec des services associés. C'est une tendance lourde qui s'est accélérée avec la crise. On assiste également, depuis plusieurs mois, à une véritable explosion du camping-car. Les chaînes de production n'arrivent d'ailleurs toujours pas à en produire suffisamment !

Les camping-caristes sont-ils nombreux à faire escale dans les campings ?

Le rêve du camping-cariste qui se pose n'importe où est un peu utopique. Dans la réalité, c'est plus compliqué si on veut être en sécurité, avoir de l'eau ou de l'électricité et ne pas être entassé sur des parkings. C'est pourquoi de plus en plus de campings s'adaptent pour accueillir cette nouvelle clientèle.

L'hôtellerie de plein air est-elle confrontée, à l'instar du secteur de la restauration, aux problèmes de recrutement ?

Clairement, c'est un problème majeur qui ne fait qu'empirer. Nous recherchons en permanence des profils sur tous les postes de travail, que ce soit en restauration, en service de bar, en réception, en entretien, en sécurité... Cela touche même les sous-traitants. Pour vous donner un exemple, dans mon camping, nous nous sommes, à un moment, demandés s'il allait être possible de continuer à accueillir les clients car nous n'avions plus de draps propres ! Sans rentrer dans la polémique, c'est l'incompréhension totale...

Comment vous paraît la santé financière du secteur ?

De façon assez marginale, certains établissements rencontrent de vraies difficultés car il y a télescopage entre leur problématique personnelle - lourds investissements, reprise, manque de notoriété - et les remboursements de crédits. L'an dernier, nous avons bénéficié de trois dispositifs majeurs : le PGE, l'activité partielle et les avoirs qui nous ont permis de préserver notre trésorerie. Or on arrive en fin de période et les avoirs non consommés vont devoir être remboursés, tout comme les différentes aides. Face à ce mur de dettes, certains établissements risquent d'être encore plus fragilisés. Ils vont avoir besoin d'être accompagnés par leur Région et l'Etat.

Comment se profile la saison 2022 ?

Alors qu'il n'y a pas si longtemps, le pic saisonnier était du 14 juillet au 15 août, on constate désormais un vrai décalage sur août. En 2022, les vacances scolaires françaises ont été reculées et vont correspondre au calendrier des Néerlandais et des Allemands. On s'attend donc à ce que l'ensemble du mois d'août soit très bon. En revanche, le mois de mai sera plus compliqué car il n'y aura aucun pont.

Doit-on s'attendre à des augmentations de prix ?

Les tarifs en avant-saison devraient être très attractifs tandis que le mois d'août risque d'être plus tendu mais le phénomène peut très bien s'inverser en 2023. Si on veut baisser le coût des tarifs des hébergements touristiques, il faut étaler et harmoniser les vacances scolaires.

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