Plein succès pour le Lab'Objectif 2018

La 3e édition du Lab’Objectif, consacrée à l'innovation et aux start-ups, était organisée par La Tribune-Objectif le 22 mars à l’Espace Dièze de Montpellier. Au centre des débats : l’intelligence artificielle et la blockchain qui, à elles seules, concentrent de lourds enjeux en matière de nouveaux usages et de business. Plus de 400 personnes étaient présentes.
Cécile Chaigneau
Les organisateurs, partenaires et participants au Lab'Objectif 2018
Les organisateurs, partenaires et participants au Lab'Objectif 2018 (Crédits : Guilhem Canal)

La soirée du Lab'Objectif, organisée par La Tribune-Objectif le 22 mars à l'Espace Dièze de Montpellier, avait programmé des focus sur l'intelligence artificielle (IA) et sur la blockchain. Cette 3e édition a accueilli plus de 400 participants.

Le diaporama du Lab'Objectif 2018 est accessible sur ce lien.

L'IA, disruption dans la finance

Véritables phénomènes mondiaux de disruption des modèles traditionnels, l'AI et la Blockchain bouleversent l'économie et les usages. Elles sont notamment des moteurs de la transformation numérique du secteur financier, sujet de la 1e keynote du Lab'Objectif.

« La 1e vague de disruption dans la finance était une révolution d'usages, avec des cagnottes ou des applications pour le paiement en ligne, par exemple, rappelle Alain Clot, président-fondateur de France Fintech et senior advisor chez EY. Aujourd'hui, la révolution est plus technologique. Dans le secteur financier, il faut voir cette innovation comme une fusée à trois moteurs : la technologie - dont l'IA, la blockchain et les objets connectés -, la réglementation et la législation qui évoluent très vite, et les consommateurs de finance. Ces derniers ont longtemps été invariants en France, mais maintenant, la situation évolue fortement : le consommateur veut de la transparence, l'avis des autres consommateurs, ou la faculté de donner son avis... C'est une révolution. La finance n'a jamais été mondiale mais spécifique à chaque pays du fait de la fiscalité et de la culture propres à chacun. Aujourd'hui, le numérique crée des usages qui sont mondiaux. »

Arnaud Castelltort, chercheur à Polytech Montpellier, porte un regard sur l'intelligence artificielle utilisée au quotidien.

« Il existe énormément de définitions de l'IA, observe-t-il en préambule. C'est un ensemble de théories, de techniques et d'outils permettant de réaliser des tâches normalement réservées à l'intellect humain. Les ingrédients, ce sont des mathématiques, des statistiques, des logiques, et beaucoup de données, notamment pour apprendre aux machines. Il y a aussi du bio-mimétisme, c'est à dire que l'on reproduit ou que l'on s'inspire de la façon dont fonctionne le cerveau humain... »

Mais le chercheur met en garde contre certains fantasmes : « Aujourd'hui, on fait de l'IA spécialisée : reconnaissance de forme, analyse vocale, analyse de données, etc., toutes avec des techniques différentes. Une IA toute puissante, façon films américains, qui contrôlerait tout, ça n'existe pas. Cette polyvalence-là, c'est la chasse gardée de l'homme ! »

Un legal-bot

Philippe Rivière, CEO du groupe montpelliérain Septéo, est venu témoigner de l'arrivée de l'IA dans les LegalTech, et plus précisément d'un cas d'usage dans son entreprise.

« Nous avons eu un changement législatif pour les notaires, qui nécessitait plus d'assistance téléphonique. Nous avons travaillé sur la mise en place d'un chatbot avec IBM. Ce chatbot est un légal-bot qui sait répondre à des questions juridiques, environ 2 000 par semaine, avec un taux de pertinence de 60 %. Nous avons doublé nos équipes manuelles et réservé le chatbot pour tout ce qui est récurrent. Il permet d'apporter des réponses sur des plages horaires élargies, 24h/24 et 7 jours/7. Il nous a permis de faire l'économie de trois personnes à temps plein... Néanmoins, il faut superviser les dialogues non reconnus, un humain prend alors le relais : il analyse aussi les questions et les codifie pour que le chatbot sache ensuite répondre. L'IA, c'est un bon moyen d'optimiser la relation client, mais c'est aussi un véritable effort de codification et d'apprentissage. »

Certification et traçabilité, vertus de la blockchain

Le deuxième temps de la soirée était consacré aux technologies blockchain, encore mal comprises dans leur fonctionnement mais qui ont d'ores et déjà démontré leur potentiel pour de nombreux secteurs (banque, assurance, transports, agroalimentaire, énergie, etc.).

« Pour donner une définition de la blockchain, on peut dire qu'elle résout un problème simple : s'échanger de la valeur numérique de personne à personne ou de pair à pair quand, auparavant, il fallait passer par une banque ou par une institution, précise Claire Balva, CEO de Blockchain Partner (leader français du conseil sur les technologies blockchain). Les entreprises l'utilisent aujourd'hui pour des usages d'optimisation plus que pour de la disruption. On distingue deux cas d'usages principaux : la certification de données tout d'abord, sorte de notaire décentralisé, par exemple la certification de diplômes d'école. Ensuite la traçabilité de documents ou de produits : par exemple, dans l'agroalimentaire, la blockchain constitue une base de données centralisée et sécurisée, qui crée de la confiance sur la supply chain. »

Blockchain et énergie

Interrogé sur le niveau de prise de conscience des décideurs sur les enjeux de la blockchain, Nicolas Loubet, cofondateur de Cellabz (une société de recherche sur les technologies émergentes), constate que « globalement, ils comprennent bien ce qui se passe et s'interrogent : à qui appartiennent les données, qui écrit l'algorithme, etc. ».

« On est encore dans une transition, ajoute-t-il. On est dans une rencontre culturelle entre acteurs qui ne savent pas encore très bien travailler ensemble, mais les gens apprennent à se connaître et à parler le même langage. »

Rieul Techer, cofondateur du laboratoire citoyen la MYNE à Lyon, témoigne d'une expérimentation en cours dans les Pyrénées-Orientales : le projet d'autonomie énergétique en circuit-court opéré sur la commune de Prats-de-Mollo, dans lequel les acteurs réfléchissent à recourir à l'intégration de la technologie blockchain. Car le projet interroge sur les moyens de passer de l'ancien système de production/distribution d'électricité à une multiplicité de producteurs, fournisseurs et consommateurs.

« Comment créer un cadre de confiance pour faire des échanges de pair à pair avec quelque chose qui a de la valeur comme l'électricité, interroge-t-il. C'est ce qu'on fait dans le programme de recherche DAISEE. Quel cadre légal pour accompagner ces émergences ? Comment travailler sur l'infrastructure technique et l'infrastructure de gouvernance ? »

La révolution dans le droit

Autre usage de la blockchain à l'origine d'une révolution en marche : le droit.

« La blockchain apporte un mieux dans l'usage du droit, affirme Simon de Charentenay, fondateur de la start-up OpenFlow à Montpellier. Elle permet de mettre en lien des personnes et d'authentifier la donnée sans tiers de confiance. L'authentification juridique est simple : c'est la norme de l'État, c'est donc une question de souveraineté. Or la blockchain propose d'authentifier de la valeur sans l'État !... Je pense que ce n'est pas innocent que les blockchainers aient touché  à la monnaie d'abord, et les premiers qui se font du souci, ce sont les fonds d'investissements, qui craignent d'être contournés, et ensuite les banques. Je crois pouvoir dire que dans moins de dix ans, il existera un droit positif autonome indépendant des États avec une efficacité juridique plus importante. »

« Ces technologies sont l'occasion rêvée pour la France et l'Europe de retrouver une place dans le numérique, quand les GAFA ont jusqu'à présent capté une grosse part des valeurs, prophétise Claire Balva. On est un plein dans la construction des protocoles et c'est maintenant qu'il faut que les États favorisent les start-ups. »

Le télescope connecté de Vaonis lauréat

La soirée s'est conclue par le traditionnel concours de pitch. Six start-ups, préalablement retenues par un jury, étaient en lice : Vaonis (télescopes connectés), SeqOne (analyse génomique haut-débit), ISYmap (capteurs d'analyse à distance), Nino Robotics (transporteurs personnels assis), Faciligo (réseau social de mobilité) et Enerfip (financement participatif pour la transition énergétique).

C'est Vaonis qui a été désignée lauréate par l'auditoire, qui a pu voter en direct pendant le concours en utilisant l'application Smyler.

« Nous allons organiser un pré-lancement de notre télescope Stellina dans un mois, non pas en France mais à New York, où nous allons profiter d'une belle opportunité événementielle qui donnera de la visibilité à notre produit », annonce Cyril Dupuy, le fondateur de Vaonis.

Cécile Chaigneau

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