Traitement des eaux usées et décarbonation : les ambitions de NXO Engineering

Suite aux performances de sa première station d’épuration à énergie positive à Cournonsec (Hérault), NXO Engineering change d’échelle avec un nouveau programme visant à développer un démonstrateur préindustriel. En parallèle, la deeptech capte de nouveaux marchés avec ses procédés innovants et envisage une levée de fonds en 2023.
NXO Engineering a mis au point la première station d'épuration à énergie positive et à carbone négatif : le prototype, opérationnel depuis deux ans, fait appel à des bioréacteurs mettant en synergie micro-algues et bactéries, le procédé réduisant d'autant la consommation d'énergie de la station.
NXO Engineering a mis au point la première station d'épuration à énergie positive et à carbone négatif : le prototype, opérationnel depuis deux ans, fait appel à des bioréacteurs mettant en synergie micro-algues et bactéries, le procédé réduisant d'autant la consommation d'énergie de la station. (Crédits : NXO Engineering)

Deeptech créée en 2016 et spécialisée dans les domaines de l'eau, de l'énergie et de la biomasse (micro-algues), NXO Engineering a mis au point la première station d'épuration à énergie positive (Step) et à carbone négatif.

Installé en 2018 à Cournonsec (Hérault), le prototype est opérationnel depuis deux ans avec des résultats que l'entreprise estime très prometteurs : en faisant appel à des bioréacteurs mettant en synergie micro-algues et bactéries, le procédé de NXO Engineering réduit d'autant la consommation d'énergie des Step.

« Nous nous sommes associés avec des équipes de l'INRA de Narbonne et du CNRS afin de pouvoir caractériser la filière, c'est à dire mesurer l'empreinte carbone puisqu'on séquestre le CO2 pour le valoriser en énergie, mais aussi pour compléter nos bilans, explique César Narvaez, cofondateur et CEO de NXO Engineering. Les résultats, très prometteurs, nous ont permis d'utiliser le site comme vitrine pour lancer de nouveaux programmes d'envergure. »

Changement d'échelle

Incubée jusqu'à présent au Bic de Montpellier, la startup (huit salariés) prend aujourd'hui son envol en s'installant à Cournonsec dans des locaux avec ateliers et plateforme expérimentale. Son prototype lui a permis de valider le concept pour pouvoir répondre aux besoins de petites collectivités (1.000 à 3.000 habitants), mais pour un déploiement à grande échelle, il lui faut aller plus loin.

Lauréat du concours d'innovation "I-Nov" porté par l'Ademe et Bpifrance, NXO Engineering lance un projet de 1,2 million d'euros (subventionné à hauteur de 45%).

« Le démonstrateur va garder les bénéfices de la valorisation intégrale mais pour le rendre viable pour les grandes collectivités, il nous faut lever les contraintes foncières de la solution. Nous travaillons donc sur des photobioreacteurs verticaux », confie César Narvaez.

Baptisé Volta, ce programme vient de démarrer et devrait s'achever fin 2023.

La décarbonation comme nouvel horizon

En parallèle, la startup héraultaise développe des briques technologiques dans divers domaines - aquaculture, dessalement, traitement de l'air, etc. - qui intéressent les industriels. C'est le cas, par exemple, du groupe héraultais Barba (transformation de produits de la mer) qui a une problématique de traitement d'air (odeur), ou encore de la communauté de commune de Béziers pour de la purification d'air.

NXO Engineering déploie ainsi une nouvelle solution sur la décarbonation des industries lourdes, qui intéresse également ArcelorMittal : l'aciériste souhaite neutraliser ou valoriser les émissions carbone sur le site de l'entreprise CIFC, succursale du groupe Vinci à Fos-sur-Mer, qui produit de la chaux à destination d'ArcelorMittal. Outre l'aspect environnemental, ce sont des gains conséquents en perspective puisque le site produit 200.000 tonnes de CO2 par an, taxés à 80 euros la tonne...

« Nous sommes véritablement en train de disrupter sur ce sujet, avance le CEO de NXO Engineering. Nos solutions valorisent l'ensemble des ressources contenues dans les eaux usées urbaines : cellulose, eau réutilisable, engrais liquides, lombricompost, énergie, chaleur, crédits carbone... Pour la première fois, une collectivité va pouvoir calculer un retour sur investissement. »

Alors qu'elle a réalisé en 2021 un chiffre d'affaires de 240.000 euros, la deeptech dit avoir déjà signé cette année 1,8 million d'euros de contrats. Elle compte poursuivre son expansion en France mais également à l'international, dans des pays où les conditions météorologiques sont favorables (ensoleillement), à commencer par le Moyen-Orient, l'Amérique du Sud ou l'Afrique du Nord.

Une levée de 30 millions d'euros

NXO Engineering espère donc passer le cap des 2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022. L'entreprise compte réinvestir massivement dans la R&D. Elle a déjà déposé deux brevets et souhaite verrouiller ses avancées technologiques avec un nouveau brevet tous les deux ans.

Sa croissance passera également par du recrutement, six postes dans l'immédiat pour atteindre, à moyen terme, les 25 salariés.

« Dès que notre situation financière sera suffisamment saine, soit d'ici 2023 j'espère, nous aimerions lever 30 millions d'euros, projette César Narvaez. NXO Engineering a l'ambition de passer de la cleantech à la licorne française d'ici cinq ans. »

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