Malgré la crise qui secoue la viticulture régionale, le SITEVI a une nouvelle fois fait le plein. 54.700 visiteurs sont venus sur les trois jours, soit une progression de 7% par rapport à l'édition précédente. Côté exposants, eux aussi venus en masse (1.000 exposants, soit +11% par rapport à 2021), l'innovation et les nouvelles technologies étaient au rendez-vous pour proposer à la filière des solutions pour une viticulture plus durable.
Toutes ces innovations ont été saluées par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, lors de sa visite sur le salon le jeudi 30 novembre : « Malgré la crise que traverse cette filière, cette visite a été un moment d'espoir, car j'ai pu voir tout ce qui est en train de se faire pour permettent à nos viticulteurs de passer le cap de la transition agro-écologique », a-t-il déclaré à l'issue des quatre heures passées auprès des exposants.
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Traxx Concept H2 : combustible décarboné
Une des voies possibles est de se passer des énergies fossiles pour la motorisation des tracteurs et outils agricoles. C'est ce que propose Exxact Robotics avec sa toute dernière innovation : le Traxx Concept H2, la version à hydrogène du Traxx, tracteur enjambeur autonome qui, lui, fonctionne au fuel. Ce nouveau modèle est équipé de deux piles à combustible hydrogène, associées des batteries générant 35kW de puissance disponible. Les deux piles à hydrogène, d'une capacité globale de 9,4 kg à une pression de 350 bars, assurent une autonomie d'environ douze heures. La recharge s'effectue en moins de dix minutes à partir d'une station à hydrogène. Ce matériel fonctionne en autonomie grâce au système GPS RPK intégré, qui après arpentage de la parcelle, permet à l'engin de se déplacer en autonomie dans les rangées de vigne avec une précision de 2,5 cm. Ce combustible décarboné permet de limiter la compaction du sol avec une machine moins lourde (1,8 tonne), de réduire les nuisances sonores et de supprimer les émissions de CO2, le pot d'échappement ne rejetant que de l'eau. Des premiers tests ont été réalisés dans des vignobles à Bordeaux pour peaufiner cette innovation, qui n'est pas encore sur le marché. Reste à développer les stations à hydrogène. Aujourd'hui, on en compte une cinquantaine en France.
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Icaro X4 : des UVC pour réduire les intrants
Autre piste d'innovation : la réduction des pesticides. En réponse à cette problématique, le constructeur italien Maschio Gaspardo présentait pour la première fois en France Icaro X4, le premier robot hybride pour le traitement des vignes avec des rayons UVC. Mise au point par la startup italienne Green Nature, rachetée en 2022 par Maschio Gaspardo, cette technologie permet de réduire de 50 à 70% les traitements contre le mildiou, l'oïdium et le botritys, les rayons UVC détruisant les chaînes ADN des champignons, selon le constructeur. Relié à une station météorologique connectée, l'appareil se met en route en fonction des relevés d'humidité de l'air et du sol et des températures. Le robot avance à très faible allure (2 km/h) pour une exposition suffisante du feuillage aux UVC. Sept de ces robots fonctionnent déjà en Italie dans la région de production du Prosecco. Un test sera réalisé en France en 2024 dans les vignes de Cognac.
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Kubota : capteur et IA pour réduire les pesticides
Autre solution pour réduire les pesticides, le capteur ALS de Kubota. Installé à l'avant du tracteur, ce dispositif basé sur la vision et l'intelligence artificielle, capture des images grâce à des caméras 3D, qui sont ensuite traitées par l'IA et génèrent des informations sur l'état des plantations, la présence de maladies, les rendements attendus. Couplé à un pulvérisateur Kubota H3O, ce dispositif permet de moduler les traitements et d'économiser jusqu'à 40 % de pesticides.
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Optima Concept : des ultrasons pour maîtriser la pulvérisation
Le système AFS d'Optima Concept, vise le même objectif de réduction des intrants. Grâce à des capteurs à ultrasons, ce boîtier détecte en temps réel la présence de végétation devant la buse du pulvérisateur afin d'autoriser celle-ci à pulvériser. La végétation dans les vignes n'étant pas toujours homogène sur l'axe horizontal (pieds de vigne manquants) et/ou sur un axe vertical (différence de hauteur de végétation), cette détection de feuillage, en association avec un pilotage individuel, permet de limiter l'utilisation des pesticides au strict nécessaire et de protéger les sols des excédents de traitement.
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Robotisation : le chenillard autonome d'Agreenculture
La robotisation des pratiques agricoles est une réponse à la pénurie récurrente de main d'œuvre, notamment des tractoristes. Les premiers robots en viticulture sont apparus à partir de 2015 avec Vitibot et Naio technologie. Depuis l'offre n'a cessé de se développer et d'autres constructeurs se positionnent sur ce marché.
Pellenc, acteur-clé du machinisme viticole, est entré au capital de la startup toulousaine Agreenculture, qui conçoit et fabrique des solutions d'automatisation pour les machines agricoles. De cette alliance est né Rx 20, petit chenillard autonome hybride avec un moteur thermique et une batterie rechargeable. Capable de travailler sans supervision humaine grâce à un procédé de geofencing (barrière virtuelle) et à des capteurs de sécurité, il dispose d'une autonomie de treize à vingt heures. Une gamme d'outils de travail du sol, compatibles avec ce matériel, est proposée par le constructeur.
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Robotisation : le robot enjambeur Zilus
La société clermontoise Sabi-Agri, qui conçoit et fabrique des tracteurs et robots électriques, présentait son dernier-né : Zilus, robot enjambeur tout terrain. Compatible avec les outils standards (électriques, mécaniques, hydrauliques), il peut être équipé selon les besoins d'une prise de force électrique et d'une centrale hydraulique. Doté d'une autonomie de huit heures, ses batteries sont rechargeables en deux heures. Il peut travailler sur des pentes jusqu'à 55%. Quatre modes de pilotage sont possibles : en totale autonomie via le guidage GPS, par télécommande à partir d'un portable, avec un chauffeur grâce au poste de pilotage amovible, ou en accord robotique avec le tracteur électrique Alpo permettant d'optimiser et de multiplier le débit de chantier au sein du vignoble. Une solution à la double problématique de la pénurie de main d'œuvre et de la réduction des émissions de CO2.
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Irrigation : Aquadoc pour mieux gérer la pénurie d'eau
Fondée en 1976, la société Aquadoc (filiale du groupe gardois Perret) est spécialisée dans la réalisation, l'installation et la maintenance des systèmes d'irrigation pour les professionnels de l'agriculture et les associations syndicales autorisés (ASA, groupements d'agriculteurs utilisant la même ressource en eau). Avec sa solution Héléos, Aquadoc propose de faciliter l'accès à une gestion responsable de l'eau en complétant l'offre d'irrigation connectée Andromède qui permet de contrôler, piloter à distance l'irrigation des parcelles. Commercialisé depuis cinq, Andromène équipe aujourd'hui 10.000 ha et a géré 24.000 demandes d'allocation d'eau en 2023. Outil de surveillance et de visualisation des bornes d'irrigation, Héléos permet de gérer d'un coup d'œil un système d'irrigation, de la parcelle au réseau, et ainsi surveiller en temps réel et à distance si le compteur tourne, à quel débit (conforme ou pas), ou quel débit consommé. Testé en 2023, Héléos est maintenant commercialisé.
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