Manifestation viticole : la trêve… jusqu’aux réunions du 29 novembre avec le ministre

Entre 4.000 et 6.000 vignerons, et plus largement représentants du monde rural, élus en tête, ont arpenté les rues de Narbonne (Aude) samedi 25 novembre, dans le calme. L’enjeu : réclamer une porte de sortie à la crise qui s’amplifie dans le monde viticole.
Lors de la manifestations des viticulteurs le 25 novembre 2023, à Narbonne.
Lors de la manifestations des viticulteurs le 25 novembre 2023, à Narbonne. (Crédits : Yann Kerveno)

L'essentiel avait été acquis avant les discours et le début de la manifestation des vignerons, dans les salons de la sous-préfecture de Narbonne (Aude) où la délégation menée par Frédéric Rouanet, le président du syndicat des vignerons de l'Aude, a obtenu de rencontrer Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, le mercredi soir suivant, le 29 novembre, à Montpellier, en marge du SITEVI, salon international des filières viticole, vinicole, arboricole et oléicole (du 28 au 30 novembre).

Mais ce n'était pas une raison pour baisser la garde. Les manifestants, entre 4.000 et 6.000 vignerons et plus largement représentants du monde rural, ont déployé un éventail de revendications sur une place de la mairie bondée jusque dans les rues adjacentes.

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La filière dans le rouge

Les causes sont connues et ressassées : baisse de la consommation de vin en France, hausse des coûts de production, changement climatique accéléré sur le pourtour méditerranéen, sécheresse, rendements faibles, manque de considération. Autant d'éléments qui mettent toute la filière viticole dans le rouge.

Frédéric Rouanet, mais aussi Jérôme Despey, le n° 2 de la FNSEA, et Fabien Mariscal pour les Jeunes Agriculteurs, ont demandé qu'on les laisse travailler, en cessant la sur-transposition des règles européennes, et en trouvant une porte de sortie pour les exploitants viticoles les plus en difficulté.

60 millions d'euros. C'est ce qu'a réclamé Jérôme Despey, au bas mot, pour mettre en place un plan social basé sur des mesures d'arrachage différé qui permettent de se donner du temps avant de replanter ou de renoncer, et un dispositif de pré-retraite pour ceux qui voudraient arrêter.

Parmi les autres revendications il y avait également la possibilité pour l'Aude de devenir un département pilote pour l'accès à l'eau. Ou encore « ne plus stigmatiser le vin dans les campagnes contre l'alcoolisme », porter une attention accrue aux jeunes agriculteurs qui sont « les plus fragiles », débloquer de l'argent pour des actions de communication vers les pays tiers...

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Manifestation des viticulteurs le 25 novembre 2023 à Narbonne

Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude, lors de la manifestation des viticulteurs à Narbonne, le 23 novembre 2023. (© Yann Kerveno)

« Escrologistes »

Les manifestants ont également pointé du doigt les « escrologistes » et les « bureaucrates », accusés d'être coupables de tous les maux mais surtout des pires : n'y rien connaître et être déconnectés de la réalité (pour rester des termes polis...).

La tête du cortège était composée d'élus locaux aux côtés des principaux représentants de la profession, Frédéric Rouanet et Jérôme Despey mais aussi Ludovic Roux, président régional de la coopération viticole, Jean-Marie Fabre, président des vignerons indépendants de France, et Alexandre They, président des vignerons indépendant de l'Aude et des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Orientales.

« C'est la défaite du libéralisme : on nous a laissés aux mains des spéculateurs comme aux heures les plus noires de notre histoire, lançait Frédéric Rouanet. Nous aider maintenant est la solution la moins coûteuse. La viticulture se meurt et Paris doit répondre ! »

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Proches de la cessation de paiement

On en saura peut-être saura plus mercredi soir, à l'issue de la réunion avec le ministre. Mais aussi à l'issue de celle convoquée, toujours au SITEVI, par la présidente de la Région Occitanie Carole Delga, qui s'est fendue d'un message de soutien à la profession viticole avant la manifestation de samedi.

En filigrane des discours, la tension est perceptible dans la base des vignerons acculés. L'année à venir sera cruciale tant les entreprises sont en difficulté, proches de la cessation de paiements pour certaines caves coopératives... Le 19 octobre dernier, la manifestation du Boulou, qui avait vu les viticulteurs vider des camions de vin au péage, avait permis de relâcher un peu la pression. Celle de samedi à Narbonne est annoncée comme un dernier avertissement. Elle n'aura fait que quelques dégradations en marge. La « trêve syndicale » annoncée samedi soir par Frédéric Rouanet sur les marches du théâtre de Narbonne prend fin... mercredi soir.

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