« J’ai pu mesurer le degré d’urgence et de désespérance des viticulteurs de cette région » (Marc Fesneau)

En déplacement à Montpellier le 30 novembre, à l’occasion du SITEVI et de l’inauguration du siège des Vins de Pays d’Oc, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a assuré la filière viticole du soutien du gouvernement pour traverser la crise, sans s’engager à ce stade sur les montants et modalités.
Lors du SITEVI à Montpellier le 30 novembre 2023, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a pu échanger avec des viticulteurs inquiets, comme Pauline Pradier, viticultrice à Bagnols-sur-Cèze (Gard).
Lors du SITEVI à Montpellier le 30 novembre 2023, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a pu échanger avec des viticulteurs inquiets, comme Pauline Pradier, viticultrice à Bagnols-sur-Cèze (Gard). (Crédits : Michèle Trévoux)

Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, n'a pas chômé lors de son déplacement à Montpellier. Arrivé en fin de journée le 29 novembre, il a d'abord débattu pendant trois heures avec les organisations professionnelles agricoles pour prendre connaissance de leur revendications et étudier comment y répondre.

Le lendemain, au petit matin, il a parcouru pendant quatre heures les allées du SITEVI (salon international des filières viticole, vinicole, arboricole et oléicole) pour échanger avec les différents fournisseurs des filières, avant de filer inaugurer le nouveau siège des vins de Pays d'Oc.

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« On aime notre métier, mais on va crever »

Sa visite sur le SITEVI a été ponctuée d'interventions de viticulteurs en détresse. C'est d'abord, Pauline Pradier, viticultrice sur 50 hectares à Bagnols-sur-Cèze (Gard), qui l'a abordé, en pleurs : « On aime notre métier mais on va crever. Ce n'est plus possible. Le vin fait partie du patrimoine français. On a besoin de soutien ».

Sur le stand de la FDSEA et du CJA, les appels sont tout aussi poignants : « Un viticulteur vient de se suicider, juste après avoir manifesté samedi dernier à Narbonne. La profession est dans une très grande détresse psychologique », a lancé Sophie Noguès, présidente de la FDSEA de l'Hérault.

« Nous avons fini de vendanger le moral à zéro, a renchéri Benjamin Boillat-Rami, le président des Jeunes Agriculteurs. Il n'y a aucune installation de jeunes agriculteurs prévue dans les année à venir. Voulez-vous être le ministre du non renouvellement de l'agriculture ou au contraire vous engager à soutenir notre agriculture ? »

Frédéric Rouanet, président des Vignerons de l'Aude à l'initiative de la manifestation qui a réuni 6.000 viticulteurs le 25 novembre à Narbonne, en a rajouté une couche : « L'état psychologique des viticulteurs est déplorable. Il nous faut des réponses avant Noël pour que la tension se relâche durant les fêtes ».

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« L'Etat a toujours été au rendez-vous pour soutenir la viticulture »

« J'ai pu mesurer le degré d'urgence et de désespérance des viticulteurs de cette région, a commenté le ministre lors d'un point presse. Il y a eu des témoignages très émouvants. Derrière les chiffres, il y a des réalités humaines et je suis soucieux de ces réalités humaines. Nous n'abandonnons pas notre agriculture. Nous avons toujours été au rendez-vous lors des trois dernières années de crise, que ce soit après le gel de 2021 ou avec la distillation de crise déclenchée cette année pour 200 millions d'euros»

Suite à la discussion engagée avec les organisations professionnelles la veille, deux des mesures réclamées par la filière ont été actées. En premier lieu, des mesures d'urgence d'aide à la trésorerie, qui devraient être en place d'ici la fin de l'année : « Un premier fonds d'urgence de 20 millions d'euros a été débloqué, et nous allons le compléter car les besoins sont plus importants. Je vais en parler dès vendredi à la Première ministre ». Les professionnels ont réclamé que cette enveloppe soit portée à 60 millions d'euros.

Autre mesure pour soulager les trésoreries : une année blanche en charge d'intérêts bancaires : « Nous allons y travailler avec les banques », a promis Marc Fesneau.

La demande d'aide à l'arrachage temporaire portée à Bruxelles

Dispositif à plus moyen terme, l'arrachage temporaire qui permettrait d'aider les viticulteurs à arracher leur vigne avec un engagement à ne pas replanter pendant trois ans, a également obtenu le soutien de Marc Fesneau. Cette pause de production, réclamée par la filière régionale, permettrait de désengorger le marché, le temps qu'il se stabilise.

« Avec Jérôme Despey (président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, ndlr), nous allons très rapidement rencontrer la Commission européenne pour défendre cette mesure, l'objectif étant que ce dispositif puisse être mis en place dès 2024 », promet le ministre.

Jérôme Despey, qui participera le 5 décembre prochain à un comité mixte avec des représentants de la viticulture espagnole et italienne, espère bien les convaincre de s'associer à la demande de la France pour avoir plus de poids à Bruxelles.

« Je reviendrai sur ce territoire dès le mois de janvier pour regarder où on en est, faire le point sur les problèmes de trésorerie, le déploiement des mesures et voir le chemin qu'il reste à faire, a promis le ministre. Parce que c'est bien d'avoir un suivi. C'est une question de sérieux vis-à-vis des agriculteurs et des viticulteurs, qui méritent à la fois le sérieux et l'attention. »

Nul doute que cette promesse ne tombera pas dans l'oreille de sourds.

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