En avril 2022, interviewée par La Tribune, la chercheuse Helen Etchanchu, professeur associé et titulaire de la chaire Communication and organizing for sustainability transformation à Montpellier Business School, également cofondatrice de OS4future (collectif de chercheurs engagé dans l'action pour le climat), estimait que « le marché de l'empreinte carbone dans les grandes entreprises [était] mature » et que « le concept de plateforme numérique de Sweep pour le suivi du bilan carbone pour les entreprises [était] innovant et très prometteur car peut-être plus démocratique et avec un impact à plus grande échelle ». Elle ajoutait : « On sort de l'accompagnement personnalisé des cabinets conseil, et on peut toucher plus de monde plus vite ».
Il semblerait que depuis, les cabinets-conseils, à l'affût d'outils efficients, aient ciblé la plateforme proposée par Sweep pour s'en emparer et l'utiliser dans leurs prestations de conseil auprès de leurs clients pour accompagner les entreprises à travers la complexité des enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). En décembre 2023, Sweep annonçait avoir signé deux partenariats d'envergure avec le cabinet de conseil ERM, et travaille déjà avec Capgemini ou le cabinet conseil en management Axionable. Ainsi qu'avec KPMG, un des leaders de ce segments de marché, avec lequel la collaboration prend un tour plus engagé. Le 28 mars, KPMG et Sweep annoncent en effet « un partenariat stratégique pour accélérer la transition climatique des entreprises ». A chaque fois, des partenariats d'implémentation qui embarquent la solution de Sweep et, pour la startup, une stratégie « go to market » pour monter en puissance.
« S'affranchir de la discussion technico-technique »
Cofondée à Montpellier par Rachel Delacour, Yannick Chaze et Raphael Güller, Sweep a développé une plateforme technologique pour aider les entreprises à identifier et analyser toutes leurs données extra-financières et celles de leur chaîne de valeur, et piloter leur trajectoire de décarbonation. La startup a levé 100 millions de dollars depuis sa création en 2020. Sweep travaille avec de grands groupes, notamment L'Oréal, Lacoste, Hewlett Packard, Saint Gobain, JCDecaux, le groupe Bouygues, Royal Canin ou Swile.
KPMG revendique un Centre d'excellence ESG regroupant quelque 120 experts, mais voit dans la technologie de Sweep, facile à utiliser et interopérable, matière à offrir aux entreprises une vue consolidée et analytique des données ESG et à amplifier et accélérer leur stratégie de transition bas carbone.
« Nous renforçons, à travers ce partenariat avec Sweep, nos capacités à accompagner la transformation des entreprises vers des modèles d'affaires responsables, déclare Jérémie Joos, associé KPMG en France, co-responsable du Centre d'excellence ESG. Nous avons deux métiers, l'audit et le conseil, or aujourd'hui, nous sommes engagés dans des transformations complexes et nous avons besoin de ce levier technologique, d'outils pensés autour de la donnée, pour faciliter les choses. Sweep modélise le pilotage et l'empreinte carbone et pour nous, c'est un levier puissant de fiabilité, d'accélération, de collaboration. On a besoin d'un bilan et ensuite de définir les leviers d'action et de piloter cette action. La solution de Sweep permet de s'affranchir de la discussion technico-technique et de rentrer dans le vif du sujet de pilotage de la trajectoire carbone. »
Les enjeux de la directive CSRD
« Durant les quinze dernières années, les entreprises passaient plus de temps à collecter l'information et les données de sustainability qu'à en faire l'analyse, ce qui freinait l'action des entreprises, souligne Rachel Delacour. La plateforme Sweep permet d'éviter que l'auditeur ait à recréer l'information extra-financière à chaque fois. Et avec l'enjeu CSRD, ça fait sens de permettre à leurs clients de préparer le socle technologique pour permettre l'auditabilité et l'action. »
Applicable depuis le 1er janvier 2024, la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) fixe de nouvelles normes et obligations de reporting extra-financier (sur les données ESG) pour les grandes entreprises et les PME cotées en bourse*.
« La directive CSRD va impacter 50.000 entreprises en Europe et les seuils vont continuer de baisser pour concerner les entreprises plus petites, précise Rachel Delacour pour qualifier le marché. Par ailleurs, beaucoup d'entreprises vont être impactées car embarquées dans la chaîne de valeur des grands groupes. Et la directive s'appliquera aussi aux sièges européen d'entreprises étrangères. »
* La directive CSRD est applicable au 1er janvier 2024 pour les entreprises remplissant deux des critères suivants : plus de 500 salariés, plus de 40 millions d'euros de chiffres d'affaires, plus de 20 millions d'euros de total de bilan. Au 1er janvier 2025, les entreprises remplissant deux des critères suivants : plus de 250 salariés, plus de 40 millions d'euros de chiffres d'affaires, plus de 20 millions d'euros de total de bilan. Et au 1er janvier 2026, les PME cotées en bourse (sauf micro-entreprises).
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