Philippe Saurel : “Proposer des actions qui assurent une forme de souveraineté de la Ville”

A quelques jours du premier tour des élections municipales, le maire sortant de Montpellier Philippe Saurel (DVG) fait campagne mais s’en tient à ce qu’il avait annoncé : il ne participe à aucun débat avec les 14 autres candidats. Tour d’horizon des enjeux majeurs de cette élection.
Philippe Saurel, le maire sortant de Montpellier, est candidat à sa propre succession.
Philippe Saurel, le maire sortant de Montpellier, est candidat à sa propre succession. (Crédits : Christine Caville)

Vous annoncez dans votre programme un service public des énergies, en plus de l'eau qui existe déjà, la création d'un data-center municipal et la création d'un nouvel office public foncier, et d'une régie publique agricole. Si vous êtes réélu, promettez-vous de transformer la ville en Kolkhoze ou en Kibboutz ?

"(Rires) On pourrait effectivement avoir cette vision des choses. Cela dit, ce qui nous guide, c'est d'avoir une ville libre et indépendante en dehors des partis politiques et des officines. Or, pour y parvenir, il faut être en capacité de proposer des actions qui assurent une forme de souveraineté de la Ville. Et ces actions, qui concernent l'énergie, les terres agricoles, le foncier et les données numériques, répondent toutes à cette nécessité de souveraineté. Le service public des énergies n'existe pas ailleurs en France, à ma connaissance. Nous ferons au maximum de ce que nous pourrons faire. Notre volonté est de maîtriser les prix et la production de ces énergies."

On pourrait vous objecter que des entreprises peuvent très bien réaliser ce que vous proposez...

"Oui, mais par exemple pour le data-center, nous délèguerons à des entreprises et contractualiserons. Cela étant, nous considérons que la bataille des data est une bataille actuelle et du futur proche. Citoyens, scientifiques et chercheurs, notamment au CHU, nous expliquent qu'ils seraient beaucoup plus rassurés si les données biologiques et médicales étaient stockées dans un data-center municipal régi par des règles locales et une surveillance citoyenne."

Avec la création d'un nouvel office foncier, sous-entendez-vous que la SERM ne remplit pas ses missions ?

"En fait, nous ferons cet office foncier avec la SERM. Mais la forme que j'essaie de promouvoir dans cette structure n'est pas celle d'une société d'économie mixte. Il est important d'avoir une veille, notamment citoyenne, sur le foncier qui est rare à Montpellier et qui prend de plus en plus de valeur. Il s'agit de lutter contre la spéculation foncière."

Vous proposez également de stopper le projet Ode à la Mer...

(Il coupe) "On stoppe Ode à la Mer aujourd'hui. Il n'y aura pas un mètre carré commercial supplémentaire. J'ajoute que, concernant l'urbanisme commercial, dire que l'on agit que sur la seule métropole, c'est avoir une vision restreinte du problème. Un projet à Saint-Gély-du-Fesc, qui est hors métropole, aurait forcément des conséquences sur la chalandise montpelliéraine."

Pour régler ce "problème", que proposez-vous ?

"La création d'une agence de développement économique qui pourra discuter de tous les projets qui intéressent les agglomérations voisines et la métropole."

Cela veut-il dire que son rôle irait au-delà de la seule métropole ?

"Oui, il s'étendra à sa zone d'influence. Nous avons déjà un accord sur ce sujet avec Nîmes, Alès et Sète mais il faut l'étoffer. Cette agence va entrer en concurrence inévitablement avec celle de la Région (Ad'Occ, ndlr). Cependant, je considère que, notamment sur les questions foncières, on s'arrange beaucoup mieux de façon loco-locale entre maires. A Montpellier, on n'a plus de foncier. Nous serions ravis de pouvoir orienter des projets vers des intercommunalités proches qui en disposent."

Vous évoquez le projet de créer une ceinture d'agriculture biologique autour de Montpellier. C'est une image ou un vrai projet ?

"C'est réalisable, bien sûr, même si cette ceinture ne sera pas continue. Les franges de la ville doivent pouvoir bénéficier d'une conversion en bio. Si les agriculteurs le font, ils seront exemptés de l'impôt sur le foncier non-bâti. Ce n'est pas une grosse somme, mais tout de même."

Les taux de taxes foncière et d'habitation, le versement transport et CFE sont restés stables durant votre mandat. Qu'en sera-t-il si vous êtes réélu ?

"Les taux seront stables sur les six ans sauf, comme je viens de le dire, pour les agriculteurs qui se convertiront en bio et seront donc exemptés."

Les sondages laissent entrevoir une élection très ouverte. Vous devrez nécessairement nouer des alliances pour espérer l'emporter. Quelle sera votre attitude ?

"C'est une élection curieuse, c'est vrai, avec 14 candidats, ce qui est du jamais vu. Il est certain qu'il n'y a pour moi aucune possibilité d'alliance avec un parti politique. Aucun de mes candidats n'est encarté. Madame Ollier pose avec l'étiquette Europe Ecologie les Verts. Monsieur Roumégas n'affiche pas de parti mais... (Il ne termine pas sa phrase) Quant à monsieur Altrad, il n'a pas d'étiquette."

Mohed Altrad est annoncé deuxième dans un sondage publié par Midi Libre. Pourriez-vous discuter d'un accord avec lui ?

"Nous verrons au soir du premier tour ce qu'il convient de faire."

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Commentaire 1
à écrit le 11/03/2020 à 9:53
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Remarquable tribune de Philippe Saurel après 22 années passées au conseil municipal auprès de Georges Freche et 30 ans au conseil général de l’herault dont 18 comme Président je n’avais jamais rencontré une vision aussi juste et pertinente de l’organ...

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