Ode à la Mer : en pleine campagne des municipales, Philippe Saurel rompt le contrat avec le groupe Frey

Et un rebondissement de plus. Le 12 juin, en plein campagne des municipales, le maire sortant Philippe Saurel annonce qu’il utilise la clause de revoyure du contrat qui lie la Métropole au groupe Frey, porteur de la vaste (et controversée) opération Shopping Promenade Ode à la Mer. Et rompt donc ce contrat pour repartir sur une feuille blanche.
Cécile Chaigneau
Philippe Saurel, le maire de Montpellier, a signé le 12 juin la fin du contrat que liait la Métropole avec le Groupe Frey pour l'opération Shopping Promenade Ode à la Mer.
Philippe Saurel, le maire de Montpellier, a signé le 12 juin la fin du contrat que liait la Métropole avec le Groupe Frey pour l'opération Shopping Promenade Ode à la Mer. (Crédits : Cécile Chaigneau)

L'un des points de crispation de la campagne des municipales à Montpellier se cristallise sur l'un des plus importants projets de requalification urbaine et commerciale de France, celui d'Ode à la Mer, situé le long de l'avenue Georges Frêche qui relie le centre-ville de Montpellier au littoral. Cette restructuration s'inscrit dans le vaste programme Ecocité (250 ha) et a pour ambition de réaménager cette entrée de ville désuète et pour partie en zone inondable. Une opération de l'ordre de 300 M€, dont 250 M€ pour le groupe Frey, développeur de centres commerciaux et porteur de l'opération Shopping Promenade Ode à la Mer.

Sur le papier, l'opération, qui s'étend sur 13 ha, comptait 111 000 m2 de surfaces de plancher, dont 61 000 m2 de surfaces de vente, sur lesquels 70 % étaient prévus pour accueillir le transfert d'enseignes des zones Fenouillet, Solis et Soriech, dont certaines sont situées en zone inondable. Les 30 % restant devaient accueillir de nouvelles enseignes, soit 18 000 m2 qui avaient mis le feu aux poudres et fortement inquiétés les commerçants du centre-ville. C'est sur ces 18 000 m2 que portaient d'ailleurs les recours initiés par la Socri, qui exploite notamment le centre commercial Polygone, en plein cœur de Montpellier.

De recours en recours, le projet était toujours au point (presque) mort.

Feuille blanche

Le 12 juin, Philippe Saurel a créé la surprise. Fortement décrié durant la campagne sur ce projet, notamment par son adversaire socialiste Michaël Delafosse qui prônait d'ajourner ce projet, le maire sortant annonce qu'il met un terme au contrat qui lie la Métropole et le groupe Frey ce jour-même.

Rappelons qu'outre le transfert des enseignes existantes, l'opération Shopping Promenade Ode à la Mer comprenait aussi une offre de loisirs (15 000 m2, dont un cinéma de 15 salles avec le transfert du multiplexe CGR de Lattes), de bureaux (15 000 m2), d'un hôtel de 102 chambres et de 24 restaurants et cafés.

« Les délibérations autour de ce projet avaient débuté le 23 juin 2011, rappelle Philippe Saurel en préambule. Le contrat pour l'écopole Frey avait initialement été signé avec une clause de revoyure qui courait jusqu'au 30 juin 2020. Pour l'équilibre commercial de Montpellier, j'ai déjà dit il y a huit mois que je voulais stopper l'extension des surfaces commerciales en périphérie. Je souhaite aussi conjuguer tous les projets d'urbanisme à l'aune du Manifeste de Montpellier (document destiné aux acteurs de la construction, mettant en pratique les 17 Objectifs de Développement Durable adoptés par les Nations-Unies, NDLR). Nous préparions déjà la décision qu'on prend aujourd'hui avec le SCOT nouveau qui oblige à construire les commerces dans les zones urbaines qui existent ou se créent en ZAC... Le projet Frey est aujourd'hui ancien et obsolète. C'est à ce titre que je fais jouer cette clause qui permet de mettre fin à ce contrat, et non à toute l'opération Ode à la Mer, et de repartir sur une feuille blanche. »

Pourquoi l'annoncer maintenant, en pleine campagne municipales, au risque d'être suspecté d'opportunisme ? L'édile répond : « Nous estimions que c'est la nouvelle municipalité qui devait décider de continuer ou pas, et nous avions donc prévu que cette question soit abordée après les élections municipales. Mais la crise sanitaire du Covid est passée par là. Avec les élections le 28 juin, la nouvelle équipe municipale ne sera pas installée à temps pour intervenir avant le 30 juin donc il faut le faire maintenant ».

Bataille en vue devant les tribunaux

La Métropole, propriétaire des terrains, ne les vend plus à Frey et reprend donc le projet en maîtrise publique. Des investissements ont déjà été faits par le groupe Frey* ? « Il y aura contentieux et bataille devant les tribunaux », admet le maire.

Que prévoit alors de faire Philippe Saurel s'il est réélu ?

« Il faudra trouver des solutions au cas par cas au transfert des commerces du Fenouillet et Soriech pour qu'ils viennent sur cette zone car jusqu'à présent, les m2 étaient trop chers. Aucun accord n'avait été trouvé, à part pour le cinéma CGR, précise-t-il. Le projet dépendra du Manifeste de Montpellier : il y a peut-être autre chose à faire qu'un centre commercial ! Je veux donner priorité à une densification sobre mais efficace, à une désimperméabilisation des sols, à une mixité urbaine, comme dans les autres ZAC. »

Philippe Saurel ne se prononce pas sur un potentiel calendrier.

« Je ne suis pas un magicien, lance-t-il. Mais des choses ont déjà été faites : 1 757 logements dont le foyer des jeunes travailleurs et les logements étudiants, l'immeuble le Liner. »

Les 8 000 logements prévus (soit 20 000 personnes) sont maintenus « mais seront répartis autrement en fonction du plan d'exposition au bruit (en cours d'évolution, NDLR) », précise Philippe Saurel.

* Contacté par la rédaction, le groupe Frey n'avait pas encore donné suite au moment où nous publions cet article.

Cécile Chaigneau

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