Parlement de la Mer, acte III, en Occitanie : place à l’Etat

Neuf ans après sa création dans la région Occitanie, le Parlement de la Mer a réélu (sans surprise) Didier Codorniou à sa présidence. Son assemblée et son bureau sont élargis, avec notamment l’arrivée en force de l’Etat et de ses agences. Un nouvel élan pour cette instance de concertation occitane, dédiée au développement de l’économie bleue et à la préservation du littoral et de la Méditerranée, qui a vocation à favoriser la coopération entre les différents usagers de la mer sur le littoral occitan.
Cécile Chaigneau
Le Parlement de la Mer a vocation à fédérer la communauté maritime du littoral occitan.
Le Parlement de la Mer a vocation à fédérer la communauté maritime du littoral occitan. (Crédits : DR)

Une gouvernance élargie et une place pour les services de l'Etat. C'est ce qui caractérise la nouvelle mouture du Parlement de la Mer, dite Acte "III", validée par l'assemblée générale le 12 mai, sur le site de l'IFREMER à Sète. Créé en 2013 par la Région (alors du Languedoc-Roussillon, devenue Occitanie), cette instance de concertation, dédiée au développement de l'économie bleue et à la préservation du littoral et de la Méditerranée, a pour objectif de « permettre la représentation et le travail collaboratif entre les différents acteurs de la mer et du littoral afin de faire émerger des projets innovants ».

Au programme, l'installation de la nouvelle Assemblée, forte de 191 membres, l'élection du nouveau président - sans surprise le président sortant Didier Codorniou, 1er vice-président de la Région Occitanie chargé de la Méditerranée - et l'élection du nouveau bureau qui passe de 14 à 25 membres.

La nouveauté, c'est une 2e réforme de sa gouvernance, après son ouverture aux treize départements de l'Occitanie en 2016. Un acte III qui veut, selon la Région, « marquer un nouvel élan ».

Faire du cousu main

« Nous sommes maintenant dans une structure élargie, paritaire hommes/femmes, et avec plus de compétences, des personnalités expertes nouvelles, notamment les services de l'Etat, souligne Didier Codorniou. Il y a un intérêt à échanger avec ces services, car le choc de simplification administrative n'est pas encore vraiment opérationnel... »

L'assemblée du Parlement de la Mer est désormais structurée en quatre collèges. Le collège des élus locaux, renforcé, compte désormais 75 membres (contre 54 auparavant). Le collège institutionnel, composé de 45 membres (représentant notamment les CCI, le Pôle Mer, les lycées...), est rejoint par les différents services de l'Etat (dont la direction des territoires et de la mer) et ses agences (Agence de l'eau, Conservatoire du Littoral, Office français de la biodiversité, et le CEREMA). Le collège des associations, comptant 36 membres, va être complété par 20 représentants des citoyens. Le 4e collège est celui des entreprises, avec 35 membres.

« Ce qui va changer, c'est la façon de travailler avec plus de commissions et des échanges avec les citoyens, promet Didier Codorniou. Nous aurons de nouveaux outils pour travailler en lien avec les schémas stratégiques de la Région. Il y a la volonté de faire du cousu main sur l'ensemble du territoire. Nous allons lancer une grande enquête en ligne pour construire la feuille de route. »

Le lien Terre-Mer

C'est Zoé Mahé, adjointe au secrétaire général pour les affaires régionales (SGAR) à la préfecture de l'Hérault, chargée des politiques publiques et du Plan littoral 21, qui incarne les services de l'Etat au sein du bureau du Parlement de la Mer. Elle rappelle qu'au travers du Plan Littoral 21 (signé en 2017 pour dix ans), l'Etat s'est déjà beaucoup mobilisé pour le pourtour méditerranéen occitan, en injectant 80 millions d'euros. Et que le 14 mars dernier, le Premier ministre Jean Castex annonçait un budget de 300 millions d'euros pour deux appels à manifestation d'intérêt portant sur les infrastructures portuaires destinées à répondre aux contraintes de l'éolien flottant et sur la production d'équipements, de construction et d'assemblage de ces éoliennes.

« Ce sont des actes et des actions concrètes sur le terrain, a-t-elle souligné lors de l'assemblée. Je crois beaucoup au lien Terre-Mer, et notre responsabilité est énorme de préserver la mer en préservant la Terre... Les énergies renouvelables et l'éolien en mer sont "le" sujet majeur. Je rappelle les trois dates-clés autour de l'éolien flottant en Méditerranée : le 21 mars 2022, la décision de l'Etat de partir sur l'éolien flottant commercial, avec le lancement de la procédure de mise en concurrence le 25 mars 2022 (remise des candidature au 23 mai et désignation des lauréats courant 2023, NDLR), et le 6 avril 2022, la Commission Nationale du Débat Public a désigné trois personnes garantes de la concertation continue sur lesquelles l'Etat va s'appuyer. Et le Parlement de la Mer pourrait aussi être un appui pour l'Etat. »

« Solidarité des gens de mer »

Le président du Parlement de la Mer rappelle quelques chantiers soutenus par l'instance de concertation : « le dragage des ports de plaisance, complexe et coûteux, les enjeux autour des déchets marins avec par exemple les lunettes EffetMer (fabriquées à partir de déchets plastiques, NDLR), le document stratégique de façade... ».

Il rappelle que le Parlement de la Mer en Occitanie a fait des émules : « Un Parlement de la Mer a été créé dans les régions Sud-Paca et Hauts-de-France, et la Corse y travaille. Cela signifie que sa forme coopérative permet de relever pas mal de défis. C'est un véritable laboratoire d'idées ! Et notre objectif est de travailler bientôt avec le futur ministre de la Mer ».

Pour ce nouveau mandat de trois ans, cinq thématiques stratégiques sont annoncées : la transition écologique, l'économie bleue et l'attractivité des métiers, l'aménagement du littoral, son rayonnement en France et à l'international, et la culture et le patrimoine.

Didier Codorniou souligne les principaux enjeux que l'instance devra considérer : « La mer qui va monter de 20 cm à 1 mètre dans les 80 prochaines années, faisant reculer le trait de côte, ce qui pose question de comment continuer à vivre sur ce littoral ? Il faut que la Méditerranée soit plus solide. J'ai été sollicité par Olivier Poivre d'Arvor (ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes, NDLR) pour travailler sur le projet d'un futur Parlement de la Méditerranée, qui apporterait de l'argent de l'Europe. On est sur une échéance 2023... ».

L'association de sauvetage SOS Méditerranée, qui faisait partie du Parlement de la Mer mais pas du bureau, y siège désormais.

« Le Parlement de la Mer peut porter les valeurs de l'Occitane terre d'accueil, les valeurs de solidarité des gens de mer, a conclu Jean-Pierre Lacan, administrateur de SOS Méditerranée dans l'Hérault. Conjuguons nos énergies pour en finir avec le chaos en Méditerranée au sud du canal de Sicile... Ensemble, redonnons sa dignité à la Méditerranée. »

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La mer en Occitanie

  • 215 km de côtes
  • 70 ports de plaisance
  • 3 ports de commerce
  • 20 stations balnéaires
  • Plus de 40.000 emplois (source : la Région)
Cécile Chaigneau

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