ZAN, COM, sécheresse,… : le nouveau préfet de région s’empare des dossiers de l’Hérault

Le nouveau préfet de la région Occitanie Pierre-André Durand, en déplacement dans l’Hérault pour la première fois depuis sa prise de fonction, a fait le tour des acteurs institutionnels, politiques et économiques, et pris connaissance des dossiers locaux. Notamment la problématique de la sécheresse, des projets de grandes infrastructures ou de la déclinaison du ZAN à l’aune d’un territoire à la démographie galopante.
Cécile Chaigneau
Le nouveau préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, était en déplacement dans l'Hérault les 9 et 10 mars 2023.
Le nouveau préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, était en déplacement dans l'Hérault les 9 et 10 mars 2023. (Crédits : Cécile Chaigneau)

Pierre-André Durand, nouveau préfet de la région Occitanie et préfet de la Haute-Garonne, a pris ses fonctions le 30 janvier dernier. A l'occasion de son premier déplacement dans le département de l'Hérault les 9 et 10 mars, il avait convié la presse à un temps d'échange aux côtés du préfet de l'Hérault, Hugues Moutouh.

Le nouveau représentant de l'Etat dans la région Occitanie en fait immédiatement l'aveu : Il ne connait ni la région - « où je n'ai jamais servi ni ne suis venu, même en tant que touriste », confie-t-ilni l'Hérault. Les premières impressions de celui qui, originaire des Alpes-Maritimes et diplômé de l'ENA, a déroulé une carrière dans la préfectorale en Drôme, Pyrénées-Atlantiques, Seine-Saint-Denis ou Normandie (son dernier poste), portent d'abord sur la démographie galopante du territoire régional.

« Ce qui m'a beaucoup frappé, c'est la dimension démographique : je viens de Normandie qui commence à perdre de la population, et ça va continuer, là où l'Occitanie en gagne, observe-t-il. Chaque année, 43.000 nouveaux habitants, c'est très singulier et atypique, et on voit le défi que cela représente pour les élus locaux, les représentants de l'Etat et tous acteurs du territoire. »

Une sécheresse qui s'annonce « hors normes »

Alors que l'ensemble du territoire français souffre de la sécheresse, la problématique de l'eau est l'un des premiers dossiers dont s'est saisi Pierre-André Durand. En Occitanie, l'Hérault, qui relève du bassin Rhône Méditerranée, n'est pas le département le plus touché par la sécheresse - « Nous ne sommes pas en état de vigilance », affirme Hugues Moutouh -, à l'inverse de celui des Pyrénées-Orientales, et c'est le bassin Adour-Garonne qui requiert toute son attention : « Je reste préoccupé par ce qui semble se dessiner sur le bassin Adour-Garonne où certaines réserves d'eau étaient remplies à 70% à cette même période de l'année et le sont seulement à 20% aujourd'hui ».

« Il faut inciter les citoyens à faire attention à leurs consommations d'eau, et ils en sont capables, ils l'ont démontré cet hiver sur l'électricité puisque nous avons su collectivement éviter un phénomène de délestage, déclare-t-il. Mais il y aura des mesures de restrictions, il ne pourra pas ne rien se passer, c'est impossible. L'été que nous allons vivre sera très différent de l'été passé où le désarroi était déjà grand. Nous allons vers une sécheresse qui, pour le moment, s'annonce hors normes ! »

De son côté, le préfet de l'Hérault indique que l'arrêté départemental cadre sur la sécheresse est en cours de révision et sera signé fin mars ou début avril : « Je ne crois pas aux mesures qui s'imposeraient sans discussion, tous les usagers doivent adhérer au projet de nouvelle gestion des ressources rares, en vue d'une gestion parcimonieuse de l'eau », préconise-t-il, soulignant que des concertations sont à l'oeuvre.

Et Hugues Moutouh d'ajouter être « particulièrement vigilant » au sujet qui fait polémique autour de la construction d'un terrain de golf sur le domaine de Lavagnac, à Montagnac. Un projet contesté par des élus qui dénoncent « une hérésie environnementale » en raison des centaines de milliers de mètres cubes d'eau par an qu'il devrait consommer, mais aussi par des viticulteurs...

COM : solution promise

Lors de son déplacement en terres héraultaises, le représentant de l'Etat a rencontré les parlementaires, les élus locaux (notamment le maire de Montpellier, Michaël Delafosse), les autorités judiciaires, les présidents des chambres consulaires, les directeurs régionaux de l'administration déconcentrée de l'État ainsi que l'ensemble des membres du corps préfectoral de l'Hérault.

Plusieurs dossiers ont été portés à sa connaissance, comme la future ligne à grande vitesse Montpellier-Perpignan, les déplacements sur l'aire métropolitaine montpelliéraine, le projet de MedVallée, l'érosion du trait de côte ou la candidature Montpellier-Sète au titre de Capitale européenne de la culture 2028. Mais aussi le projet de Contournement ouest de Montpellier (COM, une 2x2 voies longue de 6,2 kilomètres ayant vocation à désengorger la capitale languedocienne en reliant les autoroutes A750 et A709), embourbé depuis les années 1990 et dont le financement par Vinci Autoroutes a été retoqué par le Conseil d'Etat le 23 janvier dernier : « Une solution va être trouvée mais je ne suis pas en mesure de dire laquelle aujourd'hui, un travail technique est en cours », veut rassurer Pierre-André Durand.

ZAN : « Ça demandera un effort »

Concernant le dispositif de zéro artificialisation nette (ZAN), qui préoccupe les acteurs de l'urbanisme, le préfet de région annonce « des précisions législatives au printemps » sur le périmètre du dispositif, tranchant notamment sur la question d'y faire entrer ou non les infrastructures d'intérêt national comme la construction des LGV ou la future gigafactory Genvia à Béziers.

« Le ZAN n'est pas spécifique à l'Occitanie mais il est plus difficile à appliquer quand on a une démographie importante comme ici, commente-t-il. Ce dispositif s'apprécie à l'échelle régionale et se conçoit à l'échelle des Scot et le gouvernement a donc décidé de confier aux territoires le soin d'organiser ces équilibres. Mais ça demandera de toute façon un effort... Le modèle des lotissements, très consommateurs d'espace, n'est plus un modèle pertinent aujourd'hui. Et je rappelle que la première source d'artificialisation, ce ne sont pas les infrastructures ou les zones industrielles mais l'habitat en raison de modes d'urbanisation datés. »

Cécile Chaigneau

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