Autoconsommation collective : Sween souffle sa première bougie et ses cinq premières opérations

La startup gardoise Sween, spécialisée dans les opérations et les systèmes de gestion d’autoconsommation collective, souffle sa première bougie. Outre une trentaine d’études en cours, selon son fondateur Amaury Pachurka, elle pilote déjà cinq opérations d’autoconsommation collective dans le Gard, l’Hérault et l’Aisne.
Cécile Chaigneau
L'équipe de la startup gardoise Sween, spécialisée dans les opérations et les systèmes de gestion d'autoconsommation collective.
L'équipe de la startup gardoise Sween, spécialisée dans les opérations et les systèmes de gestion d'autoconsommation collective. (Crédits : Sween)

Dans un contexte de crise énergétique et de transition écologique, l'essor de l'autoconsommation collective se poursuit (voir encadré)... La startup Sween, spécialisée dans les opérations et les systèmes de gestion d'autoconsommation collective, souffle sa première bougie. Créée par Amaury Pachurka et implantée au Cailar (Gard), elle annonce également des bureaux à Montpellier (Hérault) et à Vauvert (Gard) depuis novembre dernier. La startup est incubée au BIC (Business Innovation Center) de Montpellier, et à l'incubateur parisien Paris & Co Ville Durable.

Amaury Pachurka n'est pas un novice de l'autoconsommation collective : en 2019, il avait créé à Montpellier la startup Beoga, spécialisée dans les systèmes de gestion de communautés d'autoconsommation collective d'énergies renouvelables avec l'ambition de faire émerger un nouveau modèle économique de consommateurs-producteurs suivant deux principes : l'échange d'énergie de pair à pair par le pilotage des ressources distribuées, et l'agrégation des capacités de stockage (batterie, voiture électrique...). Une première communauté énergétique avait été structurée en 2021 par Beoga dans le village gardois du Cailar, impliquant un lotissement de six maisons et une installation sportive. L'aventure avait pris fin en septembre 2022 avec la liquidation de l'entreprise, en raison de désaccords insolubles entre associés, avait indiqué Amaury Pachurka à La Tribune. Amaury Pachurka expliquait alors que « la liquidation n'interrompt pas le dispositif d'autoconsommation du Cailar, qui continue de fonctionner avec toujours une quinzaine de membres ».

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17 producteurs d'électricité

Sween était présente au Forum Energaïa les 13 et 14 décembre à Montpellier, en quête de visibilité, mais aussi pour « présenter des retours d'expérience et rechercher des partenariats technologiques », indique le dirigeant.

La startup se positionne sur des projets d'autoconsommation complexes comprenant plusieurs producteurs d'énergie. C'est donc au Cailar que se trouve sa première opération vitrine, baptisée « Smart Lou Quila », initialement montée dans un cadre expérimental par Beoga et qui regroupe aujourd'hui une vingtaine de membres dont dix-sept producteurs.

Le dirigeant précise que Sween s'appuie sur trois activités : un bureau d'études « qui compte une trentaine d'études en cours en France, notamment pour la SEGARD (Société d'Aménagement et d'Équipement du Gard, ndlr) ou des industriels », le déploiement d'opérations en autoconsommation collective, « cinq en cours dont trois dans le Gard - au Cailar, à Domazan et à Villeneuve-lès-Avignon -, une dans l'Hérault et une dans l'Aisne à Montigny-en-Arrouaise », et le développement d'une technologie « pour intégrer différents moyens d'utiliser l'autoconsommation collective, par exemple plusieurs industriels avec des flottes de véhicules électriques ».

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Pour les particuliers mais aussi les industriels

« Beoga a défriché la démarche et aujourd'hui,  nous avons une approche plus usagers, produits et réseau, explique Amaury Pachurka. Nous permettons aux usagers d'une communauté de produire leur énergie à partir de panneaux photovoltaïques mais aussi d'éolien ou d'hydraulique, et s'ils ne consomment pas tout, ils peuvent la revendre aux autres membres de la communauté. Nous nous adressons à des particuliers mais aussi à des industriels qui sont de gros producteurs potentiels d'énergie. Sween propose de l'autoconsommation collective mais notre spécialité, c'est la mutualisation énergétique par différents outils, dont l'autoconsommation collective mais aussi le pilotage en temps réel, la gestion de batteries ou de bornes de recharge, etc. Nous sommes d'ailleurs également distributeur des bornes de recharges de véhicules électriques de la marque Wallbox... Nous avons développé un écosystème technologique avec une logique d'intégration de nouveaux équipements. Notre technologie comporte de l'intelligence artificielle pour gérer les flux énergétiques avec un objectif d'optimisation économique et de performances énergétiques, ainsi qu'un volet IOT pour la gestion de la donnée énergétique en temps réel. L'outil va chercher les données d'Enedis, avec qui nous avons signé une convention, pour alimenter nos algorithmes en temps réel, ce qui permet de faire du pilotage... Nous avons de la concurrence sur le bureau d'études et sur le développement d'opérations en autoconsommation collective, mais à ma connaissance, en terme d'opérations clé en main et de bout en bout, on est les seuls. »

La startup, qui emploie treize personnes, annonce un chiffre d'affaires « d'environ 200.000 euros sur la première année » et vise les 600.000 euros en 2024. Après avoir levé 500.000 euros en love-money en juillet dernier, Amaury Pachurka annonce préparer « une levée de fonds de 1 à 1,5 million d'euros courant 2024 pour soutenir notre développement géographique et notre R&D ».

« Sur la technique de l'autoconsommation proprement dite, Sween est promise à une belle croissance, entraînée par la baisse des coûts du solaire et l'augmentation du prix de l'énergie », commente André Joffre, précurseur de l'autoconsommation collective avec son bureau d'études perpignanais Tecsol et président du pôle de compétitivité Derbi, dont Sween est adhérente.

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L'autoconsommation en France

Selon l'Observatoire français de la transition écologique d'Enedis, l'autoconsommation collective représentait 259 opérations en service fin septembre 2023. Soit une augmentation de +127% en un an. Trois régions sont particulièrement dynamiques dans l'installation d'opérations d'autoconsommation collective : les Hauts-de-France (38 opérations), l'Occitanie (35 opérations) et le Grand Est (34 opérations). Selon l'observatoire, « la grande majorité des opérations regroupent des participants situés dans des bâtiments et des sites distincts » et « leurs tailles restent limitées puisque dans 65% des cas, dix participants ou moins sont concernés ». Elles sont majoritairement portées par des collectivités locales (60%), ou par des bailleurs agréés HLM.

« Dans un contexte de transition énergétique, de changement climatique et de crise énergétique, les arguments en faveur de l'autoconsommation collective se font entendre, en témoigne l'augmentation du nombre d'opérations en service, analyse Enedis pour l'observatoire. Et tout porte à croire que cet essor va se poursuivre. »

Cécile Chaigneau

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