La chambre régionale des comptes relève la fragilité de l'aéroport Béziers-Cap d'Agde

Alerte sur l’aéroport régional Béziers-Cap d’Agde. Un rapport de la Chambre régionale des comptes d’Occitanie, publiée ce 19 septembre, pointe une fragilité de l’infrastructure, en raison notamment du nombre insuffisant de passagers (200.000 par an) ou d’une trop forte dépendance à la compagnie low-cost Ryanair.
La chambre régionale des comptes, dans son rapport publié le 19 septembre 2023, reproche à l'aéroport de Béziers-Cap d'Agde (un peu plus de 200.000 passagers par an) une trop forte dépendance à la compagnie low-cost irlandaise Ryanair.
La chambre régionale des comptes, dans son rapport publié le 19 septembre 2023, reproche à l'aéroport de Béziers-Cap d'Agde (un peu plus de 200.000 passagers par an) une trop forte dépendance à la compagnie low-cost irlandaise Ryanair. (Crédits : DR)

Dans un rapport publié ce 19 septembre, la chambre régionale des comptes d'Occitanie a souligné « la fragilité » de l'aéroport de Béziers-Cap d'Agde (Hérault), confronté à un lourd déficit structurel, à une forte dépendance aux exigences de Ryanair et sous la menace d'une enquête de la Commission européenne.

Le petit aéroport, situé entre Béziers et la station balnéaire du Cap d'Agde, accueille principalement des touristes du nord de l'Europe (Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, nord de la France) attirés par le littoral méditerranéen. Dans un rapport, portant sur les années 2017 et suivantes, le gendarme des comptes publics indique qu'il n'enregistre qu'un peu plus de 200.000 passagers par an.

Loin du million de passagers

Propriété depuis 2009 d'un syndicat mixte composé de trois Communautés d'agglomération, d'une Communauté de communes, du Département de l'Hérault et de la Région Occitanie, il est « fortement concurrencé » par cinq autres aéroports situés à moins de 100 km, dont ceux de Montpellier et surtout de Toulouse.

Pour la période 2017-2019, l'aéroport biterrois présente ainsi « un déficit d'exploitation annuel de 4,7 millions, surcompensé par les contributions publiques de 5,1 millions d'euros, soit 20,69 euros par passager ». Il se retrouve dès lors, comme beaucoup de petits aéroports en Europe, « très éloigné du seuil de un million de passagers permettant d'envisager un équilibre, à court, moyen comme à long terme », pointe la chambre des comptes.

Le financement de ce déficit par des collectivités publiques place le syndicat mixte « dans une position fragile », qui s'explique en grande partie par « les conditions financières très avantageuses » dont bénéficie la compagnie à bas coût irlandaise Ryanair.

« Le syndicat a consenti contractuellement à une unique compagnie à bas coût des remises tarifaires sur chaque passager transporté. Présenté comme des mesures incitatives destinées à augmenter le trafic, ce dispositif a pour conséquence que 96 % des recettes aéroportuaires de cette compagnie bénéficient de ces remises, et se traduit pour le syndicat par autant de pertes d'exploitation, synthétise le rapport. Il pourrait s'apparenter à des aides publiques non déclarées. Selon les calculs de la chambre, les contrats de marketing passés avec cette compagnie pour promouvoir le territoire auprès d'une nouvelle clientèle coûtent au syndicat cinq fois plus cher que les recettes qu'ils dégagent. »

Menaces sur l'aviation commerciale

Par ailleurs, la Chambre régionale des comptes rappelle que l'activité aéroportuaire à Béziers pourrait être « remise en cause par l'enquête en cours de la Commission européenne », à la suite d'une plainte déposée par Air France pour concurrence déloyale, alors qu'un régime autorisant certaines aides publiques aux petits aéroports européens doit en principe prendre fin en avril 2024.

Enfin, le gendarmes des comptes publics indique que les menaces qui pèsent sur l'aviation commerciale ne sont pas encore intégrées dans la réflexion stratégique du syndicat : « Le prix et la taxation du carburant, en sus des fortes émissions de gaz à effets de serre, menacent directement l'activité commerciale de l'aéroport. Ces pressions externes sont autant d'incitations pour le syndicat mixte à élaborer des scénarios d'adaptation de l'aéroport aux changements réglementaires, environnementaux et économiques ».

Carole Delga défend l'aéroport

Dans une réponse adressée à la chambre des comptes, la présidente (PS) de la Région Occitanie, Carole Delga, considère que l'aéroport de Béziers a « toute sa légitimité au sein du réseau aéroportuaire régional ». L'élue relève notamment « la tendance favorable » du nombre de passagers après la crise sanitaire du Covid.

Regrettant un « système » dans lequel « les compagnies aériennes fixent le marché, avec trop souvent des méthodes ultralibérales », Carole Delga estime que si la fin des aides publiques en avril 2024 se confirme, les compagnies n'auront pas d'autres choix que d'augmenter le prix des billets, plaçant de ce fait les consommateurs en situation de « juge de paix ».

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