Pôles de compétitivité sur l'eau : France Water Team dissous, Aqua-Valley renaît de ses cendres

Lors de la 25e édition du Carrefour des gestions locales de l’eau, qui se tient à Rennes les 31 janvier et 1er février, les trois pôles de compétitivité français spécialisés dans les questions de l’eau s’apprêtent à présenter leur nouvelle organisation à l'échelle nationale. Après que le pôle France Water Team, qui les réunissait au sein d’une entité fédérale, a été recalé en mars 2023 à l’issue de la phase V de labellisation (2023-2026), ils ont dû revisiter leur gouvernance. Dissolution de France Water Team et émergence d’une organisation à deux têtes pour booster l’innovation sur les sujets, majeurs, de l’eau. Explications.
Cécile Chaigneau
La France comptera bientôt deux pôles de compétitivité dédiés aux sujets d’innovation autour de l'eau : Aqua-Valley dans le sud, et le pôle issu de la fusion prochaine d'Hydreos et Dream Eau & Milieux dans le nord.
La France comptera bientôt deux pôles de compétitivité dédiés aux sujets d’innovation autour de l'eau : Aqua-Valley dans le sud, et le pôle issu de la fusion prochaine d'Hydreos et Dream Eau & Milieux dans le nord. (Crédits : DR)

Petites turbulences suivies de quelques changements au sein des pôles de compétitivité... Il y a presqu'un an, en mars 2023, le pôle de compétitivité France Water Team, axé sur les enjeux de l'eau, était recalé à l'issue de la phase V de labellisation (2023-2026) diligentée conjointement par le ministère de l'Economie et des Finances et Régions de France. Une claque, à l'heure où les enjeux sur l'eau sont plus que jamais stratégiques. En Occitanie, le pôle DERBI, spécialisé dans les énergies renouvelables, était quant à lui labellisé pour un an « prolongeable à quatre ans sous certaines conditions ». Il vient de récupérer sa labellisation, avec demande expresse de fusionner avec le cluster régional Cemater.

Pour mémoire, le pôle de compétitivité France Water Team est la fédération de trois pôles de compétitivité fondateurs, opérée début 2019 : Aqua-Valley (région Occitanie et PACA, basé à Montpellier), DREAM Eau & Milieux (en région Centre Val-de-Loire) et Hydreos (région Grand Est). Le non-renouvellement de cette labellisation a signé la fin de ce modèle fédéral. Selon Yvan Kedaj, directeur d'Aqua-Valley, « le modèle fonctionnait entre les équipes mais la gouvernance et l'organisation des financements ont été jugées trop complexes »...

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En mars 2023, le président de France Water Team, Sylvain Boucher, avait en effet émis des suppositions sur les raisons de cette non-labellisation, liées à l'organisation et à la gouvernance de France Water Team : « La seule critique possible est le fait qu'on soit organisé en fédération et non pas un pôle fusionné, alors que la Direction générale des entreprises ne voulait voir qu'une seule tête. Mais c'était le fruit d'une logique de respect des bassins hydrographiques, et du fait que les compétences de l'eau sont territoriales, avec des Régions très investies », expliquait-il à La Tribune.

Joint-venture à venir

Comme DERBI, le pôle Aqua-Valley a appris, par un courrier d'Elisabeth Borne, alors Première ministre, daté du 8 janvier dernier qu'il retrouvait sa labellisation pour la période 2024-2026. Aqua-Valley, mais pas France Water Team.

« L'ensemble France Water Team n'a pas permis de mettre en évidence un pôle de compétitivité national, ce qui manquait à l'Etat, c'était une feuille de route claire au niveau national, explique aujourd'hui Jean-Luc Erbetta, président d'Aqua-Valley depuis le 14 décembre 2023 et par ailleurs directeur régional Grand Sud de Saint-Gobain PAM Canalisation. Cette labellisation d'Aqua-Valley est la reconnaissance de son expertise mais elle entérine l'enterrement de France Water Team qui est donc en train d'être clôturé. »

La phase V de labellisation a également réhabilité Hydreos et Dream Eau & Milieux, mais dans le cadre d'une fusion à venir d'ici au printemps prochain. Pour Aqua-Valley, cette re-labellisation s'accompagne aussi de deux exigences, comme le détaille Jean-Luc Erbetta : « Tout d'abord, nous devons créer, d'ici juin 2024, une joint-venture entre le pôle de compétitivité sur l'eau du nord (future fusion Dream Eau & Milieux et Hydreos, ndlr) et celui du sud (Aqua-Valley, ndlr) afin de créer un collaboratif entre les deux pôles, d'échanger sur des projets et de ne pas être en compétition mais en complémentarité. Le nom de l'alliance Dream Eau & Milieux et Hydreos sera dévoilé demain, le 31 janvier, lors du Carrefour des gestions locales de l'eau qui se tient à Rennes (25e édition, ndlr) ».

Les pôles de compétitivité français sur l'eau afficheront donc deux têtes, l'une au nord, l'autre au sud.

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« Nous sommes dans un contexte d'urgence »

L'autre exigence de la nouvelle labellisation : qu'Aqua-Valley (250 adhérents, parmi lesquels Bio-UV Group, Irrifrance, Altereo, Ecofilae, etc.) se rapproche davantage du cluster aixois Éa éco-entreprises, qui rassemble 162 entreprises adhérentes œuvrant dans le domaine de l'eau, mais aussi des déchets, de l'énergie, de la dépollution du sol, etc., afin de mieux embrasser ensemble les problématiques de l'eau communes aux deux régions de l'arc méditerranéen.

« Le rapprochement est fait de longue date mais jusqu'à présent, Éa éco- entreprises avait un statut de délégation en région Sud pour le pôle Aqua-Valley, explique Yvan Kedaj. Ce n'est pas une fusion mais une évolution de la forme juridique, le cluster devenant l'antenne d'Aqua-Valley en région Sud. »

En 2023, le budget de fonctionnement alloué à Aqua-Valley était de 1,169 million d'euros. Maintenant que le pôle a récupéré sa labellisation, il va pouvoir formuler une nouvelle demande de financements (apportés par l'Etat via les Régions), adossée à sa feuille de route. Les deux seront votés en juin prochain.

« L'objectif est de recréer une dynamique au sein du pôle, déclare Jean-Luc Erbetta, qui vise les 285 adhérents dans les deux ans. Mon mandat est limité dans le temps (la date des prochaines élections n'est pas communiquée, NDLR), avec pour mission de mettre le pôle en ordre de bataille, de créer un collectif fort, et de préparer une gouvernance forte. Nous devons écrire cette feuille de route avant l'été, même si les grandes lignes étaient déjà dans la candidature... L'idée, c'est de faciliter les usines à projets, soutenir les TPE-PME, mettre en avant l'innovation. Nous souhaitons notamment renforcer l'ancrage territorial du pôle, par exemple en travaillant davantage avec l'agence de développement économique de la Région Occitanie, Ad'Occ, et idem en région Sud. Nous sommes dans un contexte d'urgence, et parmi les sujets prioritaires, il y a le stress hydrique ou le REUSE, mais aujourd'hui, beaucoup de choses deviennent prioritaires et ont besoin d'accélération ! »

Aqua-Valley va également poursuivre sa collaboration avec les pôles de compétitivité Dream Eau & Milieux et Hydreos pour une mise en œuvre coordonnée du Plan national eau, et le développement de l'écosystème national de la filière de l'eau sur les sujets à l'international et au niveau européen.

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Cécile Chaigneau

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