Traitement de l’eau : Bio-UV accélère à l’international, et prépare notamment la cible américaine

Bio-UV poursuit l'extension de son usine. Spécialisée dans la désinfection de l’eau par ultraviolets, électrolyse de sel, ozone ou processus d'oxydation avancée, l’entreprise héraultaise, cotée en bourse, veut doubler son activité dans les cinq prochaines années. Dans son viseur : le marché américain de la piscine, celui des navires de la Navy, mais aussi la réutilisation des eaux usées dans le Sud de l’Europe et l’aquaculture des pays scandinaves, ou encore le traitement des ballasts des éoliennes en mer.
Cécile Chaigneau
Bio-UV a notamment installé, dans son nouveau bâtiment, un système à taille réelle de traitement des eaux de ballast pour les navires, afin de former partenaires et clients.
Bio-UV a notamment installé, dans son nouveau bâtiment, un système à taille réelle de traitement des eaux de ballast pour les navires, afin de former partenaires et clients. (Crédits : Cécile Chaigneau)

Avec une extension de 1.200 m2 qu'elle inaugurait le 24 janvier, l'entreprise Bio-UV porte la superficie de son site à 6.400 m2 à Lunel (Hérault). Cotée sur Euronext Growth, l'entreprise est spécialisée dans la désinfection de l'eau par ultraviolets, électrolyse de sel, ozone et AOP (processus d'oxydation avancée). Ses activités comprennent un volet terrestre avec le traitement des eaux de piscine (son activité historique), des eaux de process dans l'industrie, la réutilisation d'eaux usées traitées et l'aquaculture, et un volet maritime avec le traitement des eaux de ballast des navires.

Ce nouveau bâtiment (investissement de plus de 2,2 millions d'euros), avec panneaux photovoltaïques sur le toit et bornes de recharge pour véhicules électriques sur le parking, héberge bureau d'études, R&D, service après-ventes, démonstrateur et banc de test. Il a vocation à soutenir la croissance et les ambitions de l'entreprise, qui a changé de direction il y a bientôt un an, en mars 2023, quand Benoît Gillmann, fondateur (en 2004) et actionnaire de référence de Bio-UV, a cédé ses parts et confié les manettes de l'entreprise à Laurent-Emmanuel Migeon.

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De La Grande Motte à Agadir, en passant par les JO de Paris

En 2023, le chiffre d'affaires de Bio-UV a été de 43,1 millions d'euros (soit une baisse annuelle de 16%) dont 30 millions d'euros sur ses activités terrestres (-10%, avec notamment un marché des piscines en ralentissement post-Covid et une croissance très soutenue sur les marchés du traitement des eaux usées municipales et industrielles) et 13 millions d'euros sur ses activités maritimes (-28%). Des résultats qui doivent s'analyser « au regard de la très forte croissance de l'activité réalisée en 2022 (+54% de croissance totale et +16% en organique) », indique le document financier de l'entreprise, qui note également « un endettement financier net réduit de plus de 3,5 millions d'euros ».

« Plus de 50% de notre activité est réalisée à l'international, soit environ 25 millions d'euros, indique Laurent Emmanuel Migeon. Sur l'activité maritime, Bio-UV a vendu 800 systèmes en cinq ans, pour un chiffre d'affaires cumulé de 80 millions d'euros. Sur l'activité terrestre, nous équipons les piscines des JO de Paris 2024, d'Agadir, de La Grande Motte. Et sur l'activité aquacole, nous sommes présents à Marseillan chez Tabouriech comme en Ecosse ou à l'aquarium d'Abou Dabi... Sur le traitement et la réutilisation des eaux usées, les systèmes vendus par Bio-UV en 2023 représentent l'équivalent du traitement de l'eau d'une ville comme Paris, soit 10 millions d'habitants. Ce qui équivaut également à 30 millions de m3, soit l'objectif assigné par le Président Macron à l'ensemble des acteurs de la filière eau en 2030. On y est déjà chez Bio-UV en une année ! »

L'entreprise emploie 160 collaborateurs, dont une centaine sur le site héraultais, une trentaine chez Corelec à Toulouse et une quarantaine chez Triogen en Ecosse, deux entreprises que Bio-UV a rachetées. Le dirigeant dit l'entreprise suffisamment staffée pour 2024 mais prévoit des recrutements ensuite pour porter des projets « à moyens et longs terme sur la réutilisation des eaux usées, notamment sur le pourtour méditerranéen - nous sortirons deux produits sur la fin du premier semestre -, et sur le traitement des ballasts des éoliennes en mer... Des projets moins consommateurs de capitaux que l'activité maritime mais qui nous permettront d'aller capter des potentialités de marché intéressantes ».

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La Floride et la Californie

Si l'entreprise est déjà bien présente à l'international, Laurent Emmanuel Migeon campe des objectifs ambitieux : « Nous voulons doubler notre activité dans les cinq prochaines années, d'abord en croissance organique mais aussi en croissance externe et plutôt en 2025, et notre principal développement viendra de l'international. Il faut que nous nous renforcions en Europe sur l'aquaculture dans les pays nordiques et le Reuse dans les pays du sud. Nous venons de recruter un commercial, un Italien, pour l'Europe... Mais notre volonté est aussi de se développer en Amérique du Nord prioritairement, sur le marché de la piscine, qui représente cinq fois le marché français. Nous irons d'abord sur les territoires où il existe une sensibilité environnementale, comme la Floride ou la Californie. Nous attaquerons ces marchés en 2025 pour plusieurs raisons. Il nous faut des certifications pour entrer sur les marchés américains et pour ça, il faut trouver un partenaire américain. D'autant que nous voulons aussi avoir un pied à terre en production pour répondre à la demande de la Navy américaine, avec laquelle nous avons déjà commencé à travailler en ingénierie. Ce marché pourrait représenter 15 navires à équiper par an... Enfin, il nous faut des gens avec des réseaux pour commercialiser ces marchés ».

Sur l'activité de traitement et réutilisation des eaux usées, le dirigeant annonce « une croissance de 50% en 2023, avec un objectif de croître d'au moins 50% en 2024, si possible doubler l'activité, principalement sur la France mais aussi l'Europe ». Si elle travaille avec quelques industriels de l'agroalimentaire, Bio-UV avance prudemment sur les marchés industriels où ses systèmes sont difficilement réplicables en raison d'incertitude sur les débits d'eau à traiter et sur le niveau de qualité de l'eau attendu.

La France ne recycle qu'1% de ses eaux usées, contre 14% pour l'Espagne par exemple. En août 2023, alors que la sécheresse asséchait une grande partie du territoire, un décret a été publié au Journal officiel prévoyant « la simplification de la procédure d'autorisation pour le recyclage des eaux usées traitées ».

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Faire évoluer le modèle

Autres marges de croissance : l'activité maintenance, services et pièces détachées qui pèse aujourd'hui 25% de des activités en moyenne et que le P-dg aimerait monter « à 30% le plus vite possible ».

« Nous changeons notre business modèle pour aller davantage vers des projets complètement intégrés et pas seulement fournir un bout de la prestation dans le traitement de l'eau par exemple, en fournissant aussi la filtration et le système de pompage, ajoute-t-il. Il faut donc aussi faire évoluer notre capacité à commercialiser des solutions et des services. »

À mi-janvier 2024, le carnet de commandes de Bio-UV s'établit à 10,5 millions d'euros (contre 10 millions l'an dernier la même époque), « avec des prises de commandes dynamiques à l'export ». Les activités maritimes devraient s'inscrire en léger recul en 2024, avec la fin du marché du retrofit, mais pourraient trouver une voie de croissance avec un renforcement des ventes de prestations de services, plus fortement contributrices de marges.

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Cécile Chaigneau

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