Altrad affiche un carnet de commandes record à 5,7 milliards d'euros

Le groupe de services à l'industrie Altrad, présidé par son fondateur Mohed Altrad, publie un chiffre d'affaires 2022-2023 record. Il compte désormais plus de 60.000 salariés à travers le monde.
Mohed Altrad, président du groupe éponyme de services à l'industrie.
Mohed Altrad, président du groupe éponyme de services à l'industrie. (Crédits : Guillaume Mollaret)

Il n'y aura eu que le Covid pour faire tousser la croissance du groupe de services à l'industrie Altrad. Reparti de l'avant, le groupe montpelliérain, fondé et présidé par Mohed Altrad, présente un chiffre d'affaires 2022-2023 (exercice clôt au 31 août 2023) de 5,286 milliards d'euros, en hausse de 37,7% par rapport à l'exercice précédent, et un résultat de 674 millions d'euros (+28%). L'entreprise emploie aujourd'hui plus de 60.000 salariés dans le monde.

C'est notamment en renforçant ses capacités dans le domaine des énergies renouvelables et le nucléaire (chaudronnerie, usinage, maintenance), après le rachat d'Endel au groupe Engie, et de Doosan Babcock en Corée du Sud, qu'Altrad a nourri cette croissance. Pour Endel et ses 6.000 salariés, le groupe Altrad semble même avoir changé le plomb en or : l'entreprise perdait 29 millions d'euros avant sa reprise. Elle est désormais bénéficiaire de plus de 60,7 millions d'euros alors que son chiffre d'affaires n'a, entre temps, progressé "que" de 30 millions d'euros.

« C'est une attention de tous les instants. Dans un premier temps, lorsque l'on m'a présenté le dossier, je l'ai refusé. Il a fallu restructurer en travaillant sur la productivité », explique à La Tribune le patron montpelliérain, par ailleurs président du Montpellier Hérault Rugby.

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Maîtrise de la chaîne de valeur

Le travail sur les marges, c'est le souci constant du groupe, notamment depuis son entrée dans le secteur des services à l'industrie voilà dix ans. Des activités qui représentent aujourd'hui 83% de son chiffre d'affaires (et 63% de sa rentabilité).

En se positionnant en leader - aux côtés de son concurrent Layher - pour la fabrication et la location d'échafaudages, Altrad maîtrise en outre une bonne partie de la chaîne de valeur quand il répond à un appel d'offres dans les services à l'industrie.

« Quand le grand public imagine un échafaudage, il pense à ceux qu'il voit dans la rue, au droit des immeubles, mais quand il s'agit d'intervenir en milieu industriel ou bien sur une plateforme pétrolière, pour vérifier une soudure dans un endroit impossible, les équilibres sont complexes, détaille Mohed Altrad dont le plus gros client, le groupe EDF, pèse pour 8% de son chiffre d'affaires. Nos dix plus gros clients représentent moins d'un tiers de nos revenus, 28% pour être précis. »

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Entrer sur le marché obligataire

Pour l'exercice en cours, Altrad se veut confiant. Avec 1,83 milliard d'euros engrangés au premier trimestre de son exercice (septembre-décembre) et un carnet de commande record à 5,7 milliards d'euros, le groupe envisage de nourrir sa croissance organique d'une part -notamment en poursuivant l'intégration des sociétés récemment acquises dans les secteurs nucléaires et des énergies renouvelables - et sa croissance externe d'autre part par le biais de rachats. A priori, il s'agira de rachats d'entreprises « petites ou moyennes »... à rapporter à la taille du groupe !

Très peu endetté, le ratio dette nette/Ebitda d'Altrad est de un, seulement. Jusqu'ici essentiellement financé par de la dette bancaire, le groupe envisage désormais d'entrée sur le marché obligataire, raison pour laquelle il fait actuellement mener un audit auprès d'agences de notation. En tout état de cause, c'est une ligne de financement de l'ordre de 1 à 2 milliards d'euros que le groupe devrait aller chercher pour éventuellement mener une action structurante dans un avenir proche. S'il évolue sur cette lancée, Altrad peut raisonnablement envisager de doubler de taille d'ici à 2030.

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Question autour d'une filiale russe

Avec un exercice clos le 31 août, le groupe Altrad dispose, comme toute entreprise française, de huit mois pour publier ses comptes. Alors qu'il les publie généralement en décembre, voire début janvier, l'exercice aura pris un peu de temps cette année, en raison de l'embargo international vis à vis de la Russie où Altrad dispose d'une filiale. Œuvrant pour l'industrie gazo-pétrolière, elle est baptisée Cape Sakhaline LLC et se trouve installée à l'extrême orient russe, à quelques brasses du Japon.

« Nous n'avons pas le droit d'avoir d'échanges monétaires et commerciaux avec cette filiale qui est, de fait, rendue autonome par l'embargo. Les autorités s'attèlent à vérifier que cet embargo est bien respecté, c'est pour cela que la publication de nos comptes a un peu été retardée », justifie Mohed Altrad, rendant ainsi concrète la manière dont se matérialise cet embargo vis à vis de la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine il y a presque deux ans.

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