« Une inertie que le marché du logement va payer un certain temps » (JC Laurent, Urbat Promotion)

INTERVIEW. Le groupe Vinci Immobilier vient de finaliser l’acquisition du Montpelliérain Urbat Promotion. Pour quelle stratégie ? Quelles ambitions ? Sur quels marchés ? Décryptage avec Jean-Christophe Laurent, président du directoire d’Urbat Immobilier.
Cécile Chaigneau
Jean-Christophe Laurent, président du directoire d’Urbat Immobilier.
Jean-Christophe Laurent, président du directoire d’Urbat Immobilier. (Crédits : DR)

La Tribune - Le 21 janvier dernier, Vinci Immobilier finalisait l'acquisition d'Urbat Promotion, entamée début 2019 (49,9 % du capital), en acquérant le solde du capital du promoteur montpelliérain. Comment cette acquisition s'inscrit-elle dans la stratégie de Vinci Immobilier ?

Jean-Christophe Laurent, président du directoire d'Urbat Immobilier - Quand Alain Clausel, le fondateur d'Urbat Promotion à Montpellier, a décidé de vendre, Vinci Immobilier s'y est intéressé pour identifier un surplus d'activité. Urbat Promotion produit en moyenne 1.200 logements par an. Par ailleurs, la société montpelliéraine intervient historiquement sur un produit de primo-accession et de logement abordable, ce qui n'est pas l'ADN de Vinci Immobilier, plutôt positionné sur des produits de moyenne et haut de gamme. C'était donc un agrégat complémentaire de diversification. L'acquisition d'Urbat Promotion permet ainsi à Vinci Immobilier de se doter d'une marque reconnue sur le segment des logements à prix accessibles.

Comment sont dimensionnées les équipes d'Urbat Promotion aujourd'hui ?

L'entreprise emploie 150 salariés sur huit sites, dont 70 au siège à Montpellier.

Quelles sont les ambitions de Vinci Immobilier pour Urbat Promotion ?

Vinci Immobilier souhaite conserver la marque Urbat, la pérenniser et la développer. Ces trois ou quatre dernières années, Urbat s'était mis à évoluer sur les marchés en cœur de métropole où les produits sont plus chers, mais cela ne lui a pas réussi... L'arrivée de Vinci Immobilier est l'occasion de recentrer la stratégie pour positionner Urbat sur son produit historique en primo-accession. Nous n'allons pas déserter les métropoles, qui font face à une problématique de pénurie de logements abordables, et à chaque fois que ce sera possible de développer des produits en prix maîtrisés, nous serons présents. Les élus se sont rendu compte qu'il y avait un problème de prix des logements et nous avons une carte à jouer. Cela représentera 20% de notre production. Notre 2e axe sera s'éloigner des métropoles mais en restant en frange des agglomérations. Et cela devrait peser pour 50% de notre production.

A la lumière des effets de la crise sanitaire sur les éventuels changements de mode de vie, mais aussi à un mouvement qui tendrait à la "dé-métropolisation", vous intéressez-vous aux marchés des villes moyennes ?

Ce sera en effet notre 3e axe. Ces villes vont bénéficier de leur appétence à se redynamiser, notamment via l'envie des Français à retrouver de la qualité de vie, et via le développement du télétravail. D'autant que dans ces villes, les logements sont moins chers et plus grands. Nous avons interrogé des agents immobiliers dans la très grande banlieue parisienne, jusqu'à des villes comme Orléans, Reims, Saint-Quentin ou même Rouen. Nous avons fait une étude stratégique sur certaines villes périphériques de métropoles, et notamment autour de Montpellier, Lyon, Toulouse, Perpignan ou dans les Bouches-du-Rhône. Autour de Montpellier, cet intérêt vise des villes comme Lunel, Agde, Sète, ou même Béziers dont on a dit que le marché était sinistré, ce qui, je crois, n'est pas le cas. Il y a un regain de manifestation d'intérêt massif pour ces secteurs, même s'il y a encore un pas à franchir pour passer de l'intérêt à l'acte d'achat...

Comment qualifieriez-vous le marché du logement après presqu'une année de crise sanitaire ?

Ça va être compliqué en 2021 et en 2022 car on va devoir gérer les effets combinés de la crise Covid et des périodes de campagnes municipales, qui ont gelé les projets, avec des nouvelles équipes municipales qui, le temps de se mettre en place et avec la crise sanitaire à gérer, n'ont repris une activité normale qu'à l'automne. Tout cela a créé une inertie que le marché du logement va payer un certain temps. On était déjà dans un déficit de logements, là, on creuse un trou béant !

Quels sont les objectifs de production d'Urbat Promotion pour 2021 ?

Nous restons sur l'objectif de 1.200 logements en 2021, et nous souhaitons renforcer les développements sur Rhône-Alpes notamment où Urbat n'est que depuis trois ou quatre ans. Courant 2021, en fonction du contexte, nous imaginons aller sur l'Île-de-France, sur l'ouest de la France dans des villes comme Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Tours ou Angers où il y a du potentiel.

Quid de vos projets à Montpellier ?

La métropole de Montpellier est un peu en déshérence en ce moment... L'ensemble des opérateurs sont bloqués car la SERM a mis peu d'opportunités de charges foncières ces deux ou trois dernières années. Et le maire (Michaël Delafosse, NDLR) a manifesté sa volonté de ne faire du développement urbain que dans le cadre de ZAC... C'est un système pernicieux : les gens ne peuvent pas se loger car les logements sont chers et la rareté contribue encore à augmenter les prix. D'autant que vient s'ajouter le dispositif d'encadrement des loyers (seul le périmètre de la ville est concerné par l'expérimentation, NDLR) qui, selon moi, est une très mauvaise idée ! La seule façon de faire baisser les prix, c'est de développer du logement.

Toujours à la lumière de la crise sanitaire, et notamment du boom du télétravail, avez-vous déjà impulsé une nouvelle façon de concevoir les logements ?

On est en train. Nous menons une réflexion pour voir comment télétravailler chez soi mais aussi, sur des résidences importantes, pourquoi pas créer un espace de coworking avec quelques postes de travail. Nous étudions quel pourrait être le modèle de gestion de ce type d'espaces.

Cécile Chaigneau

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