Logiciels open source pour l’IoT : pourquoi Kuzzle prend son autonomie capitalistique

La startup montpelliéraine Kuzzle, éditeur de logiciels open source pour la gestion de l’internet des objets, sort du giron de l’ESN Kaliop et annonce un changement d’actionnaires dans le cadre d’une opération de rachat.
Cécile Chaigneau
Jacques Le Conte, CEO de Kuzzle.

Spin-off de l'entreprise montpelliéraine de services numériques (ESN) Kaliop, la startup Kuzzle, créée en 2016, est éditeur de logiciels open source pour la gestion de l'internet des objets (IoT). Le 19 février, elle confirme à La Tribune qu'elle sort du giron de Kaliop et annonce un changement d'actionnaires dans le cadre d'une opération de rachat.

Le produit-phare de Kuzzle, c'est sa plateforme IoT clé en main qui permet de connecter et piloter des objets connectés à distance. Elle adresse ainsi des verticales métiers comme la smart city ou les transports et la logistique. En 2022, la startup développait cette même solution mais en service cloud, activable en ligne, baptisée Kuzzle PaaS.

« Mais le plus important dans l'IoT, c'est la donnée qui est remontée et qu'il faut traiter en masse », souligne le dirigeant pour expliquer le lancement, en 2023, d'une troisième brique de sa solution open-source.

Déjà en expérimentation de smart logistique avec La Poste pour tracer les containers transportant colis et lettres, Kuzzle a ainsi déployé sa solution Kuzzle Data Science, qui permet de traiter la donnée IoT par l'intelligence artificielle générative. Entraînée avec le modèle de langage GPT-4 d'OpenAI, elle génère automatiquement des règles métiers et des applications IoT via une simple instruction en langage naturel, et permet de prédire l'heure d'arrivée des colis.

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La barre du million de téléchargements

Kuzzle cible aujourd'hui quatre secteurs d'activités : le transport-logistique, l'industrie, la smart city et la santé connectée. Son modèle économique repose sur des fonctionnalités avancées pour chaque verticale métiers, qui sont payantes. En 2023, la startup annonce que ses produits open source « ont franchi la barre du million de téléchargements sur Github et NPM ».

Sur le seul marché de la smart city, l'éditeur s'est fait une place en faisant adopter sa plateforme IoT par plus de 1.100 collectivités en France (notamment en Occitanie ou Ile-de-France, dans le Finistère, la Gironde ou la Marne) pour connecter et superviser en temps réel des équipements urbains comme l'éclairage public, les réseaux de distribution d'eau, la collecte des déchets, la consommation énergétique des bâtiments ou la mobilité.

Dans le monde de l'entreprise, Kuzzle revendique également des clients comme la SNCF, Bouygues, Veolia, Eiffage, Saint-Gobain, et à l'étranger, où elle réalise environ 15% de son chiffre d'affaires, Biogen aux Etats-Unis, Sky au Royaume-Uni, ou encore un projet « confidentiel » au Groenland. Kuzzle, qui emploie une vingtaine de collaborateurs, annonce un chiffre d'affaires 2023 de 1,5 million d'euros.

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« Donner un nouvel élan »

L'opération de rachat réalisée en ce début 2024 est portée par Jacques Le Conte, CEO de Kuzzle, entouré de deux investisseurs historiques, Pierre Deniset, le fondateur de Kaliop Group et initiateur du programme de R&D de Kuzzle, et Christophe Carniel, fondateur de la sportech montpelliéraine cotée en Bourse VOGO. Deux nouveaux actionnaires entrent au capital de Kuzzle à la faveur de ce remaniement capitalistique : le spécialiste des logiciels SaaS Frederi Scotto (via sa société FVS Développement, à Montpellier), et Eric Villemin (ancien directeur digital et innovation de Publicis Santé, fondateur de Monolith). L'opération s'est faite par cession d'actions et n'a pas généré d'augmentation de capital.

Pourquoi un changement d'actionnariat maintenant ?

« C'est le bon moment pour donner un nouvel élan à Kuzzle, affirme Jacques Le Conte. Depuis sa création, la startup a réalisé une croissance organique moyenne de 40% par an. Mais elle atteint aujourd'hui une certaine limite, liée à du structurel et au marché : d'une part l'affiliation à l'ESN Kaliop crée un frein en terme de commercialisation, et d'autre part, l'entreprise a besoin de lever des fonds pour se développer et pour ça, elle doit être autonome. »

Il faut dire que le contexte est porteur. D'après la société de conseil en stratégie Strategy Analytics, il y aurait aujourd'hui 22 milliards d'objets connectés dans le monde, et il y en aura environ 40 milliards d'ici 2025 et 50 milliards d'ici 2030... Sur ce marché en plein boom, Kuzzle compte bien creuser son sillon : « Entre 2023 et 2027, le cabinet IDC (cabinet conseil américain, spécialisé dans les marchés des technologies de l'information et des télécommunications - NDLR) s'attend à ce que le marché européen de l'IoT enregistre une croissance annuelle moyenne de 11%, pour atteindre 345 milliards de dollars d'ici la fin de cette période, tandis que le marché mondial serait supérieur à 1.000 milliards de dollars dès 2026 », évoque le CEO de Kuzzle.

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Intelligence artificielle

Le dirigeant annonce vouloir maintenant renforcer la stratégie multi-intégrateurs, initiée depuis deux ans. Outre l'adoption de la suite logicielle par les intégrateurs métiers sur ses quatre marchés-cibles, les solutions de Kuzzle peuvent désormais être déployées par les ESN, dont Kaliop mais aussi ses concurrents. Par ailleurs, l'entreprise veut accélérer à l'international, en Europe dès 2025 (Royaume-Uni, Espagne), en Amérique du Nord en 2026, puis en Asie.

Enfin, Kuzzle, qui va recruter une dizaine de personnes en 2024 et ambitionne de réaliser 10 millions d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2028, projette de réaliser une levée de fonds en Série A (dont le dirigeant garde le montant secret) dans les prochains mois.

« Cette année 2024 sera marquée par le lancement d'une plateforme Kuzzle Artificial Intelligence of Things, combinant les technologies de l'intelligence artificielle avec l'infrastructure de l'internet des objets pour couvrir les cas d'usages de supervision temps réel des objets connectés à la maintenance prédictive des équipements industriels, annonce-t-il. On y travaille déjà depuis 2022, notamment avec La Poste. La levée de fonds nous permettra d'accélérer. »

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Cécile Chaigneau

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