« Nous empruntons pour subventionner les communes » (K. Mesquida)

Le président du Conseil départemental de l’Hérault, Kléber Mesquida, profite du traditionnel échange avec la presse du début d’année pour balayer les enjeux, difficultés et échéances de la collectivité. Sans surprise, les finances sont tendues et le Département joue les équilibristes.
Cécile Chaigneau
Kléber Mesquida, le président du Conseil départemental de l'Hérault, le 16 janvier 2024 lors de ses voeux à la presse.
Kléber Mesquida, le président du Conseil départemental de l'Hérault, le 16 janvier 2024 lors de ses voeux à la presse. (Crédits : Cécile Chaigneau)

(Mise à jour du 17 janvier, 14h30, sur le chiffre de l'aide aux communes indiqué par Kléber Mesquida.)

D'une année sur l'autre, les vœux du président du Département de l'Hérault, Kléber Mesquida, se succèdent et... se ressemblent. Au menu, les mêmes sujets et parfois peu d'évolution. Ce 16 janvier, il se soumettait à ce traditionnel rendez-vous avec la presse.

Une inquiétude sur les réserves d'eau persiste : « Le déficit hydrique est très important, et nous sommes inquiets pour l'alimentation en eau potable et pour les réserves d'eau destinées à l'agriculture », lance l'élu en introduction. Il ajoutera que le projet de retenues hivernales captant l'eau du Rhône l'hiver pour la restituer l'été en irrigation est toujours d'actualité (malgré une opposition d'associations environnementales), que les études ont permis d'identifier sept à huit sites, et que « des travaux pourraient commencer l'an prochain après des expertises des sols ».

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Droits de mutation à titre onéreux toujours en baisse

La collectivité départementale a acté un budget primitif de 1,8 milliards d'euros « qui dépassera les 2 milliards en avril », prévoit déjà Kléber Mesquida qui confirme néanmoins l'aide qui sera apportées aux communes dans le cadre de programmes d'aide financière aux projets locaux publics : « Nos marges de manœuvre sont faibles, et cette année, nous avons un autofinancement de 26 millions d'euros et néanmoins, nous aiderons les communes à hauteur de 70 millions d'euros (comprenant les autorisations de programme, enveloppes votées par les élus en vue de financer des projets pluriannuels, et les autorisations de crédits, dépenses engagées pour mettre en oeuvre des projets pluriannuels, les aides directes aux communes portant sur 13,8 millions d'euros dans l'année, NDLR), ce qui signifie que nous empruntons pour les subventionner ! Mais il faut se souvenir que les communes ne démarrent pas un chantier sans avoir l'aide du Département, et si les chantier ne sont pas lancés, il y aura du chômage dans le BTP et dix-huit mois après, nous retrouvons ces personnes au RSA... Donc si ce raisonnement n'est pas orthodoxe dans la pratique, ces aides permettent de maintenir une économie locale et d'éviter du chômage ».

Concernant le RSA, le président du Département de l'Hérault annonce quelque 38.000 bénéficiaires aujourd'hui, et des entrées/sorties qui s'équilibrent, avec 5.000 inscriptions par an et 5.400 qui sont retournés à l'emploi en 2023 via les heures d'insertion imposées aux entreprises dans les marchés publics.

Toujours sur le volet financier, l'élu départemental confirme la chute des recettes issues des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) provenant des transactions notariales en raison d'un marché immobilier toujours grippé.

« Les DMTO avaient flambé après le Covid, rappelle Kléber Mesquida. Par exemple, à La Salvetat-sur-Agout, 100 maisons se sont vendues il y a deux ans, ou à La Castagnole, il n'y a plus rien à vendre ni à louer ! Ces communes au foncier peu cher ont été équipées de la fibre et après le Covid, les gens se sont installés... En 2023 nous avions baissé nos prévisions de DMTO à 285 millions d'euros et on a fini à 275 millions d'euros. En 2024, nous essayons de ne pas être trop euphoriques : nous avons prévu 260 millions d'euros. »

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« Poche de pauvreté »

Concernant le domaine de Bayssan, propriété du Département située à côté de la sortie Béziers Ouest de la très fréquentée autoroute A9, Kléber Mesquida regrette que le restaurant Les Grands Buffets de Narbonne (et ses quelque 360.000 clients annuels) n'aient pas pu s'y implanter (avec un hôtel et une halle de produits du terroir), passant à côté de la perspective de 500 emplois et de retombées économiques conséquentes pour cet ouest héraultais qui constitue, selon l'élu, « une poche de pauvreté ».

« Le maire de Béziers (Robert Ménard, NDLR) a estimé que cela ferait concurrence aux petites halles de Béziers et a considéré que le territoire pouvait s'en passer... », lance-t-il, amer.

En revanche, les études environnementales du projet départemental des Jardins de Méditerranée - « 29 ha avec un pavillon des vins de l'Hérault, un aquarium, un dôme pour des projections immersives, un restaurant » - étant terminées, l'enquête publique va pouvoir être lancée avec une mise en chantier dès 2024, promet l'élu, qui annonce également une fréquentation prévisionnelle de 500.000 visiteurs par an qui permettra d'atteindre l'équilibre.

Après une phase préparatoire à la candidature en 2023, le dossier de labellisation Unesco du Géoparc Terres d'Hérault, démarche portée par le Conseil départemental, sera déposé en novembre 2024, en vue d'une reconnaissance par l'Unesco en 2026 (à l'heure actuelle, il existe 195 géoparcs labellisés dans le monde dont sept en France). Il porte sur un périmètre de 112 communes (2.046 km2) et Kléber Mesquida l'assure, il pourrait offrir de non négligeables retombées économiques.

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« Plus de déconcentration »

Sur le volet politique, le président du Département de l'Hérault se dit serein quant à une éventuelle disparition des Conseils départementaux : « Qui assumerait ? Je pense qu'il y aura des aménagements et Eric Woerth, mandaté par le président, a déjà reçu des contributions des Départements... ».

Concernant la décentralisation, « l'association des Départements de France a demandé à ce que, dans la loi, soit inscrite la compétence de l'accompagnement à l'économie rurale par les Départements, c'est à dire par exemple le maintien d'un commerce local ou l'installation d'un artisan, ajoute Kléber Mesquida. Après le Covid, j'avais fait au Président de la République la proposition de faire plus de décentralisation mais aussi plus de déconcentration des services de l'Etat car parfois, entre deux administrations régionales et départementales, on n'est pas sur les mêmes lignes. Et que le préfet du département ait toute la compétence dévolue au préfet de région pour avoir un lien direct avec les administrations régionales de l'Etat ».

Enfin, le président de la collectivité départementale regrette un manque de « modération » et déplore la direction prise par la loi Immigration.

« De nombreux agents d'entretien sont d'origine étrangère, le BTP manque de main d'œuvre... Aujourd'hui, il y a un besoin à satisfaire, notamment économique, donc pourquoi ne pas leur tendre la main ? », interroge-t-il.

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L'élu fait partie des présidents de Départements de gauche qui se sont inscrits dans une forme de résistance, avec la non application du durcissement des conditions de versement aux étrangers de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Interrogé sur ce que cela représente dans l'Hérault, l'élu ne donne pas de chiffre précis mais répond « très peu de personnes, donc une incidence budgétaire minime » (le Département verse 119,2 millions d'euros d'APA à 42.062 bénéficiaires).

« Ce sont des gens qui respectent les conditions de séjour, qui ont travaillé, et s'il faut se confronter aux tribunaux, on s'y confrontera », conclut-il.

Cécile Chaigneau

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