IA : l'école régionale Microsoft accueille sa 1e promotion à Castelnau-le-Lez

Le 23 octobre, Microsoft a inauguré sa première école dédiée à l’intelligence artificielle en région, basée à Castelnau-le-Lez (34), à côté de Montpellier. Le géant informatique a accueilli la première promotion de 24 élèves à cette occasion.
Cécile Chaigneau
L. Schlosser (Microsoft), avec C. Delga (Région), F. Lafforgue (Castelnau) et les autres officiels, accueillent la 1e promotion d'IA-Microsoft
L. Schlosser (Microsoft), avec C. Delga (Région), F. Lafforgue (Castelnau) et les autres officiels, accueillent la 1e promotion d'IA-Microsoft (Crédits : Ville de Castelnau-le-Lez)

Microsoft a inauguré le 23 octobre sa première école en région dédiée à l'intelligence artificielle (IA), basée à Castelnau-le-Lez, à côté de Montpellier (34). Le géant informatique a également accueilli la première promotion de 24 élèves, choisis parmi 120 candidatures.

Cette école régionale est la 2e créée en France, après celle de Issy-les-Moulineaux en 2018. L'école IA-Microsoft, en partenariat avec Simplon, entreprise sociale et solidaire de formation au numérique, s'adresse aux personnes éloignées de l'emploi et leur propose « de bénéficier d'une spécialisation en IA pour devenir des "Développeur Data IA", capables de collaborer avec des data-scientistes pour créer, de manière concrète, des intelligences artificielles ». Soit un cursus de 7 mois en centre, complétée par 12 mois en alternance au sein d'entreprises partenaires.

Cofinancée à parité par Microsoft et le Conseil régional Occitanie, l'école régionale IA-Microsoft est pour l'heure installée à l'Espace Kiasma de Castelnau-le-Lez. Elle devrait, à terme, rejoindre le futur campus numérique baptisé Station d'Oc, autour de l'IA, de la cybersécurité et de l'éducation, et qui sera érigé à horizon 2025 par la Ville de Castelnau-le-Lez sur le site de Sablassou.

Une course à l'IA

Alors que 85 % des emplois qui seront exercés en 2030 n'existent pas encore aujourd'hui, le numérique et en particulier l'IA contribuent déjà en profondeur à dessiner les contours de ces futurs métiers. Dans le domaine de l'IA, le besoin en compétences est majeur.

« Nous sommes dans une course à l'IA car le marché est là, martèle Laurent Schlosser, directeur de la division Secteur public et membre du comité exécutif de Microsoft, le jour de l'inauguration. Les compétences seront la clef de la réussite. En France, on a les penseurs, les chercheurs, et on a besoin des compétences capables de mettre en œuvre les technologies d'IA. Nous n'en sommes qu'au début... Notre objectif est de démontrer, à travers ce concept d'école, que l'IA est accessible à tous et permet un retour à l'emploi. Sur les 24 apprenants de la 1e promotion à Issy-les-Moulineaux, 23 ont un contrat d'apprentissage et un a créé sa propre start-up. »

« C'est une compétence technique chèrement recherchée, souligne Carole Delga, présidente de la Région Occitanie. Cette école, c'est s'inscrire dans une dynamique, c'est préparer l'avenir. Il faut savoir analyser les mutations des métiers et les besoins des entreprises, adapter nos formations... Cette école est complémentaire des écoles régionales du numérique (déployées sur l'ensemble du territoire d'Occitanie, NDLR). C'est aussi une complémentarité avec la future Cité de l'économie et des métiers de demain (dont l'ouverture est prévue en 2019, NDLR). »

« Aujourd'hui, on nous demande d'être prédictifs »

« L'IA est déjà dans nos outils du quotidien, demain dans nos modalités de transports ou dans le prédictif des politiques publiques, ajoute Pascal Otheguy, secrétaire général de la préfecture de l'Hérault. L'IA change aussi nos modèles économiques, les métiers. Il s'agit d'une révolution majeure, d'une opportunité, car l'IA permettra d'affronter demain des évolutions sociétales comme celles liées au vieillissement ou à l'environnement. Sur la santé, il faut se saisir de l'opportunité de l'IA pour développer toutes les potentialités qui existent à Montpellier. »

Invité pour témoigner des applications de l'IA dans son domaine, Gilles Lavigne, directeur des opérations à la direction informatique de Pôle Emploi, rappelle qu'à Pôle Emploi, « nous manipulons et collectons beaucoup de données, auprès des demandeurs d'emploi et des entreprises, qui alimentent un lac de données du marché du travail. Une fois collectées, nous faisons appel aux data-sciences pour valoriser ces données ».

« Dans ma carrière, j'ai vu arriver l'informatique, le dossier médical, se souvient de son côté Roland Sicard, P-dg de La Valériane (solutions numérique en e-santé, basée à Montpellier). Aujourd'hui, les algorithmes améliorent les diagnostics médicaux, en complément du médecin. Car l'IA est un support, un complément qu'il faut accepter avec bienveillance. Avant, on était fatalistes, aujourd'hui on nous demande d'être prédictifs. »

« Refuser le progrès est illusoire »

À la question « faut-il s'inquiéter de l'impact de l'IA sur les emplois ? », Alix Roumagnac, président de Predict Services (spécialisée dans le risque hydrométéorologique, basée à Castelnau-le-Lez), répond : « La peur n'a jamais été un bon moteur. Refuser le progrès, c'est impossible et illusoire. Il faut que les formations initiales bougent et préparent aux futurs métiers ».

Au lendemain des tragiques inondations de l'Aude, et alors que ses équipes ont œuvré toute la nuit pour alerter et accompagner les maires des communes concernées, le dirigeant est bien placé pour narrer les vertus de l'IA : « Si les maires étaient sur le pont en pleine nuit, c'est qu'il y a énormément de données, des modèles météo, etc. que nos équipes traitent en permanence. Dans la nuit du 14 au 15 octobre, le numérique a pris la main et envoyé des SMS aux maires et aux assurés des compagnies d'assurance avec qui on travaille, soit pas moins de 250 000 SMS en tout. Aujourd'hui, le numérique est déjà dans notre travail, il ne remplace pas l'humain ! L'IA ne remplace pas l'expertise humaine, elle l'aide et la rend plus efficace ».

« Nous accompagnerons les futurs formés car nous avons des besoins sur ces savoir-faire, ajoute Pierre-André Babinot, vice-président de CGI (spécialiste des services en technologies de l'information et en gestion des processus d'affaires, installé à Montpellier). Jusqu'à preuve du contraire, l'IA ne détruit pas d'emplois mais va améliorer la qualité de vie de chacun et l'efficacité dans les entreprises. »

Cécile Chaigneau

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