« Made in Pays d’Oc » : du label à la marque d’origine

Dans un contexte de crise viticole sévère, et de crise agricole en général, l’IGP Pays d’Oc veut passer à la vitesse supérieure et faire de son nom et de son origine, une marque. Un modèle qui doit permettre aux 800 millions de bouteilles commercialisées chaque année de répondre aux attentes des consommateurs à la recherche d’un produit plaisir.
L'assemblée générale du syndicat des producteurs de l'IGP Pays d'Oc, le 19 janvier dernier, a acté l'ambition des professionnels de faire de ce nom et de cette origine, une marque.
L'assemblée générale du syndicat des producteurs de l'IGP Pays d'Oc, le 19 janvier dernier, a acté l'ambition des professionnels de faire de ce nom et de cette origine, une marque. (Crédits : Nelly Barbé)

L'assemblée générale du syndicat des producteurs de l'IGP Pays d'Oc du 19 janvier dernier a été l'occasion pour son président historique, Jacques Gravegeal, d'annoncer l'acte II de l'épopée des vins de cépages aux 800 millions de bouteilles commercialisées chaque année : « Il faut désormais mettre en avant la puissance de l'origine même de nos cépages et cela à travers une marque : Made in Pays d'Oc ». Un nouveau paradigme proposé aux 13.000 producteurs de cette IGP (indication géographique protégée) en Languedoc-Roussillon...

« On est passé du vin aliment au vin plaisir, indique l'économiste Jean-Marie Cardebat, invité par le syndicat pour débattre du sujet lors de l'AG du 19 janvier. Les modes de consommation, les lieux d'achat ont changé et le vin devient un produit marketing. Pays d'Oc a la chance d'avoir le volume et ce nom, Pays d'Oc, indiquant son origine et qui pourrait devenir sa marque ombrelle. »

Aucun doute non plus pour Fabrice Chaudier, consultant en marketing, qui signale que « dans le top 3 des plus grandes marques mondiales, l'origine est également mentionnée ». De fait, parmi les meilleures ventes mondiales, on retrouve la marque américaine Barefoot et ses 270 millions de bouteilles vendues chaque année qui indique sur son étiquette « Merlot, California », mais aussi les 180 millions de bouteilles Gallo family qui mentionnent « Chardonnay, California » ou bien encore le chilien Casillero del Diablo avec son « Cabernet-Sauvignon, Chile ».

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Une notoriété sous-exploitée

« En achetant une marque, on achète une promesse, insiste Fabrice Chaudier. Il faut passer du label à la marque d'origine. Si tout le monde peut produire du malbec, il n'y a qu'ici que l'on pourra produire du malbec du Pays d'Oc. Or un produit non remplaçable est un produit que l'on valorise mieux. »

Des arguments qui font mouche auprès d'Olivier Simonou, président de l'interprofession InterOc, issu du collège du négoce pour le groupe Castel, à Béziers : « La notoriété de Pays d'Oc est en effet sous-exploitée par rapport à Bordeaux, par exemple, alors que la qualité est tout à fait au niveau. J'encourage tout le monde à mettre Pays d'Oc de manière ostentatoire sur son étiquette ! ». Comme le fait déjà son groupe sur près de 100 millions de bouteilles.

Des arguments qui vont également dans le sens du boom des ventes directes (hors grande distribution) de l'IGP Pays d'Oc constaté cette année, révélant le potentiel des Pays d'Oc malgré le contexte morose : « près de 900.000 hectolitres vendus, soit une hausse de 35,7% », indique Florence Barthès, directrice générale du syndicat.

« Imposer notre origine en tant que marque, c'est se rendre incontournable et quitter l'approche globale que voudrait nous imposer la grande distribution française », martèle Jacques Gravegeal.

Le président du syndicat de producteurs appelle d'ailleurs les distributeurs à revoir leurs rayons vin, un produit « qui n'est plus un produit de grande consommation mais un produit plaisir ».

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Crise de la viticulture : Jacques Gravegeal enfonce le clou espagnol...

Dans son rapport moral, présenté lors de l'assemblée générale du syndicat le 149 janvier, le président Jacques Gravegeal évoque la crise que traverse la profession viticole.

«  Pourquoi les importations de vins espagnols se sont-elles développées massivement depuis plus de dix ans ? Parce que nous avons des coûts de production 30% plus élevés qu'en Espagne, écrit-il. Nous ne revendiquons pas une entrave à la libre circulation des marchandises mais l'égalité des chances sur la ligne de départ. La tromperie aux consommateurs que représentent ces vins dans les linéaires français est un fléau national, sous couvert de noms de cuvées très françaises, le consommateur est incapable de s'apercevoir qu'il est trompé. Des opérateurs peu scrupuleux organisent cette mise en marché alors que ces vins ne présentent pas de réciprocité avec les nôtres au niveau de la rigueur de notre traçabilité, de notre qualité et de notre engagement agro-environnemental. Ce sont des territoires, des emplois, de la biodiversité, des paysages, la richesse d'un patrimoine immatériel et séculaire qui sont menacés par ces pratiques. Le respect de nos signes de qualité est mis à mal par cette concurrence déloyale et ces usurpations. Le premier pas vers l'égalité des chances passe par une plus grande sévérité sur la fraude et le détournement de notoriété, il faut être intraitable. »

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