Transport combiné rail-route : Open Modal ouvrira son nouveau terminal multimodal Ouest Provence au printemps 2024

Le Groupe Open Modal développe un transport longue distance durable grâce à une stratégie unique d’intégration de tous les maillons de la chaîne du transport combiné rail-route via ses différentes sociétés. Il vient de poser le dernier rail de son futur terminal multimodal à Grans-Miramas (Bouches-du-Rhône), et espère une année 2024 moins « calamiteuse » que 2023.
Cécile Chaigneau
Le groupe héraultais Open Modal est devenu un spécialiste du transport combiné rail-route.
Le groupe héraultais Open Modal est devenu un spécialiste du transport combiné rail-route. (Crédits : Open Modal)

Issu du transport routier de marchandises, le groupe héraultais Open Modal (son siège est à Saint-Jean-de-Védas, près de Montpellier) est devenu un spécialiste du transport combiné rail-route (TCRR). La stratégie de son président Jean-Claude Brunier : l'intégration de tous les maillons de la chaîne du transport combiné rail route via ses différentes sociétés : TAB Rail Road (transporteur routier de marchandises spécialisé dans le TCRR), T3M (opérateur de TCRR présent sur 14 terminaux dont cinq en Italie), BTM (opérateur de terminal multimodal, présent sur les terminaux de Paris Valenton, Paris Bonneuil et Toulouse Fenouillet), et Combirail (entreprise ferroviaire spécialisée dans le TCRR). Le groupe annonce un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros, pour un effectif de 300 salariés.

Il y a un an, le groupe lançait, avec la société Charmade, les travaux de construction d'un grand terminal multimodal (13,5 hectares), le Terminal Ouest Provence, sur la zone logistique Clésud à cheval sur les communes de Grans et de Miramas, à proximité stratégique du Grand Port Maritime de Marseille. Un terminal « décarboné et digitalisé », selon Jean-Claude Brunier, dont le dernier rail vient d'être posé et qui sera opérationnel au printemps 2024.

L'opérateur de terminal multimodal BTM en assurera l'exploitation. Le Terminal Ouest Provence permettra de traiter simultanément quatre trains de 850 mètres et recevra, dès son ouverture, 44.000 unités de transport intermodal (UTI) par an, avec un objectif de 68.000 UTI à dix ans.

« Ce terminal, qui représente un investissement d'environ 36 millions d'euros (dont 20% de fonds propres et plusieurs subventions de l'Europe, de l'État, de la Région Sud PACA et de la Métropole d'Aix-Marseille-Provence, NDLR), réaffirme notre volonté de contribuer activement au développement du transport combiné rail-route en France, déclare à La Tribune Jean-Claude Brunier, qui est aussi vice-président de la commission ferroviaire du Groupement national des transports combinés (GNTC) au niveau national. Le mouvement s'accélère. Cela fait déjà des années qu'on parle du CO2, et on s'aperçoit qu'il faut accélérer le tempo. La seule solution opérationnelle, c'est l'alliance routier-ferroviaire... »

Le futur Terminal Ouest Provence, sur la zone logistique Clésud à cheval sur les communes de Grans et de Miramas (© Open Modal)

Le futur Terminal Ouest Provence, sur la zone logistique Clésud à cheval sur les communes de Grans et de Miramas (© Open Modal)

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« Neuf fois moins de CO2 »

Quelques jours après la COP28 à Dubaï, l'évolution des émissions de CO2 des différents secteurs en France est plus que jamais au cœur de l'actualité. Selon les chiffres du ministère de la Transition écologique (données 2021 publiées en mars 2023), avec 126 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq), le secteur des transports reste néanmoins le premier contributeur aux émissions de GES de la France (30%). Si ce sont les véhicules particuliers qui sont le plus émetteurs (66,4 Mt CO2 éq, soit un chiffre stable depuis 1990), les poids lourds ont pour leur part généré 33,5 Mt CO2 éq (+15,1% depuis 1990) quand le ferroviaire émettait 0,4 Mt CO2 éq... Et en 2021, 74% des émissions de GES des transports provenaient de véhicules à motorisation diesel. Le plan du gouvernement français pour la neutralité carbone en 2050, présenté en septembre, vise à réduire les émissions françaises de gaz à effet de serre (GES) de 33,8% en 2030 par rapport à 2022.

« Notre opérateur T3M lance des trains quotidiens la nuit embarquant jusqu'à 60 camions et roulant 120 km/h, consommant six fois moins d'énergie que la route et émettant neuf fois moins de CO2, rappelle Jean-Claude Brunier. Le gouvernement a mis en place une aide significative pour soutenir le transport combiné (annoncé en septembre 2021, un plan de soutien au fret ferroviaire de 170 millions d'euros par an jusqu'en 2024 - NDLR), avec l'objectif de tripler le transport combiné et de doubler le fret ferroviaire à dix ans. Fin 2022 on se rapprochait de cette tendance, mais 2023 a été calamiteuse : les prix de l'énergie ont explosé et on a connu une grève au printemps dernier (dans le contexte de la mobilisation contre la réforme des retraites, les professionnels parlant alors d'une suppression quasi-totale des trains de marchandises - NDLR) qui nous a mis presque à l'arrêt. On commence à voir le bout du tunnel mais la profession sortira de 2023 avec une baisse de 15% d'activité en Europe. En parallèle, les transporteurs routiers ont conservé certains avantages concurrentiels, notamment sur le gasoil, qui nous ont mis en grandes difficultés. En 2024, on devrait rétablir la situation. »

Parmi les clients d'Open Modal qui recourent au transport combiné rail-route : Carrefour, Leroy Merlin ou LVMH.

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« Bientôt, le CO2 ne sera plus gratuit ! »

Pour accélérer sa transition énergétique et écologique, le groupe Open Modal a aussi entamé l'adaptation de sa flotte de véhicules roulant au biométhane : « Pour les premiers et les derniers kilomètres, l'utilisation de véhicules roulant au bio-GNV permet une réduction des émissions de CO2 de 80% par rapport à un véhicule diesel. A terme, il faudra aller vers des véhicules électriques mais ce n'est pas facile à mettre en œuvre, quant à l'hydrogène, ce n'est pas pour demain ! ».

La profession du transport a-t-elle, selon lui, entamé sa mutation ?

« Les routiers savent qu'il faut faire évoluer leur modèle vers les nouveaux carburants mais ils mettent du temps à assimiler ces techniques, répond Jean-Claude Brunier. Les chargeurs en prennent conscience, mais depuis fin 2022 et en 2023, l'activité est atone et les belles résolutions ont volé en éclat au profit du prix, même chez les plus vertueux, et ce n'est pas le combiné rail-route qui gagne face à la route. Le combiné rail-route pesait 11 à 12% du transport total mais on va repiquer... Mais les calendriers sont établis et bientôt le CO2 ne sera plus gratuit ! »

Ce qui empêche encore ce mode de transports de se déployer : « D'abord un réseau ferroviaire en mauvais état et donc une qualité de service insuffisante, raison pour laquelle nous avons intégré toute la chaîne pour compenser. Il faut améliorer les infrastructures ferroviaire et l'outil industriel qui est obsolète en construisant des terminaux de transbordement plus performants ». D'où également cet investissement dans le Terminal Ouest Provence.

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Cécile Chaigneau

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