« Les diagnostics santé reposent à 70 % sur les données de biologie, or aujourd'hui, le médecin se fait envoyer les résultats du laboratoire par mail, ou il demande aux patients de venir avec ou de lui présenter pendant une téléconsultation, rappelle Roland Sicard, fondateur et dirigeant de La Valériane (medtech, éditeur de solutions logicielles de santé) à Montpellier. Un des enjeux de la télémédecine aujourd'hui, c'est donc de disposer des données de biologie - avec l'accord du patient bien sûr - pour faire ces diagnostics santé. Pour ça, il faut que les systèmes informatiques des laboratoires et des établissements de soin soient interopérables. Or le dossier médical partagé (DMP, ndlr) n'est pas suffisamment avancé sur ce point. D'autant que les professionnels de santé ont besoin de données intelligentes, c'est à dire traitées et structurées. »
Début 2018, La Valériane s'est rapproché du groupement de laboratoires de biologie médicale Inovie (siège à Montpellier, comptant plus d'une vingtaine de laboratoires, dont LaboSud, BioAxiome, LaboSud Provence, AxBio, etc., et 300 sites dans le grand Sud, soit environ 20 % de la biologie privée) pour créer la société SY-NORIS et développer une nouvelle solution de e-santé qui répondrait à cette exigence : une interface assurant l'interopérabilité des données de santé en biologie entre les laboratoires de biologie et les systèmes d'informations des établissements de santé.
Aller vers une médecine de prévention
« Nous nous sommes retrouvés sur une même problématique : comment rendre la donnée de santé interopérable et structurée pour assurer ce suivi du parcours patient hors des murs, et comment la mettre en application pour les grandes pathologies choisies par l'État, le plan Santé 2022 ciblant en priorité le parcours patient en néphrologie, diabétologie et oncologie, ajoute Franck Cordoba, médecin biologiste chez Labosud (groupe Inovie) et administrateur de SY-NORIS pour Inovie. L'État va pousser le parcours du patient donc il faut s'y inscrire, et la donnée de diagnostic - de biologie, radiologie ou anatomopathologie - y est capitale. Nous sommes très sollicités par les réseaux d'établissements de soins pour gérer les données mais nous n'avons pas d'outil. Ce sont des enjeux fondamentaux, notamment si on veut aller vers une médecine de prévention, laquelle s'appuie sur la donnée. Par exemple, en France, on repère trop tard les insuffisances rénales chroniques, ce qui conduit rapidement les patients en situation de devoir être dialysés ou greffés... La première cible de cette solution, c'est de bien suivre les files actives (nombre de patients ayant eu recours aux soins au moins une fois dans l'année écoulée dans un même service d'un même établissement, NDLR). »
SY-NORIS propose aujourd'hui deux solutions de e-santé : SY-Données, qui assure l'interopérabilité des données numériques entre les professionnels du diagnostic médical et les établissements de soins, et SY-Néphro, dédiée à la pathologie rénale et qui facilite le repérage d'un patient en situation de fragilité rénale lors d'un examen biologique, permet le partage des données entre patient et professionnels de santé et accompagne le parcours thérapeutique.
Atteindre les 10 000 patients suivis fin 2020
Les deux solutions sont testées depuis janvier 2020 entre les laboratoires Labosud et les professionnels de santé de l'association AIDER Santé, l'un des principaux acteurs de la néphrologie sur l'ex-Languedoc-Roussillon (entre 3 000 et 4 000 patients en dialyse, près de 8 000 au total en traitement et prévention).
« La phase de test est maintenant terminée et nous commençons à déployer ces solutions auprès des établissements de soins et des laboratoires d'analyses médicales, annonce Roland Sicard. Aider Santé et Labosud sont nos premiers clients, ainsi que l'Institut du cancer Sainte-Catherine d'Avignon Provence (présidé par Roland Sicard lui-même, NDLR) et les laboratoires de biologie adhérents. »
L'objectif affiché est d'atteindre fin 2020 plus de 10 000 patients bénéficiant quotidiennement du service des solutions logicielles de SY-NORIS sur l'Occitanie et Sud-Paca, avec « un objectif de chiffre d'affaires de 2 à 3 M€ d'ici à deux ans », précise Franck Cordoba.
« Aujourd'hui, nous avons besoin de recruter un directeur des services informatiques, 4 ingénieurs informatiques, soit une équipe de 5 à 10 personnes à horizon 2021, ajoute-t-il. Maintenant que ces premières solutions sont au point, nous commençons à regarder du côté de la radiologie. Si on arrive à promouvoir le virage numérique via SY-NORIS, on va tous gagner... »
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