Le CHU de Montpellier et Codinsight créent une application pour tracer les allergies médicamenteuses

Face au surdiagnostic d’allergies médicamenteuses, une équipe d’allergologues du CHU de Montpellier, en collaboration avec la startup héraultaise Codinsight, développe une application visant à améliorer le parcours des patients sur le protocole de détection d’allergies. Basé sur la technologie blockchain Tezos, le projet est baptisé Vigicard.
De gauche à droite : le docteur Anca Chiriac (CHU de Montpellier), Fabien Bucamp (Codinsight), Jorick Lartigau (Codinsight), le Professeur Pascal Demoly (CHU de Montpellier).
De gauche à droite : le docteur Anca Chiriac (CHU de Montpellier), Fabien Bucamp (Codinsight), Jorick Lartigau (Codinsight), le Professeur Pascal Demoly (CHU de Montpellier). (Crédits : DR)

« Plus de 90% des médecins n'ont aucune compétence dans le domaine des allergies médicamenteuses. »

Responsable du service Pneumologie, Allergologie et Oncologie thoracique au CHU de Montpellier, le Professeur Pascal Demoly ne mâche pas ses mots. Depuis plusieurs mois, avec sa consœur allergologue, le Dr Anca Chiriac, il travaille sur une application mobile destinée à améliorer le parcours de santé des patients qui suivent un protocole de détection d'allergies.

« L'application Vigicard répond à un enjeu de santé publique, à savoir le manque d'information et le mauvais usage de médicaments potentiellement allergènes », justifie-t-il.

Les allergies médicamenteuses déclarées ne concerneraient que 5 à 10% de la population européenne. Qui plus est, lorsque les tests d'allergie sont correctement effectués, seules 20% des allergies déclarées seraient confirmées.

« Les allergies médicamenteuses sont clairement surdiagnostiquées, insiste Pascal Demoly. Sur la moitié des staphylocoques multi-résistants, il y a une suspicion d'allergie à la pénicilline. Cela peut être très pénalisant pour le patient étiqueté à vie allergique à ce médicament, pour rien la plupart du temps. Notre but est d'éviter aux praticiens la prescription thérapeutique de seconde intention qui est souvent beaucoup moins efficace et plus toxique. L'application Vigicard doit permettre de mieux identifier mais aussi mieux traiter et gérer les allergies médicamenteuses. »

Lire aussiCHU de Montpellier : labellisé IHU, le projet Immun4Care reçoit une dotation de l'État de 20 millions d'euros

Blockchain Tezos

Le projet Vigicard est développé avec Codinsight, jeune pousse héraultaise créée en 2021 pour accompagner les porteurs de projets innovants dans la structuration et le développement technique de leurs applications (web et mobiles). Dès le départ, a été fait le choix d'exploiter la blockchain Tezos qui permet à l'application d'enregistrer des preuves d'allergie ou d'immunité sous la forme de certificats.

« Il existe très peu de solutions fiables retraçant l'historique complet des allergies, explique Fabien Bucamp, cofondateur de Codinsight. L'application Vigicard permet à l'utilisateur de déclarer une suspicion d'allergie auprès de professionnels de santé qui la vérifient ensuite. Si la suspicion est avérée, le patient sera orienté vers un allergologue. La blockchain Tezos a été sélectionnée pour sa fiabilité, sa sécurité renforcée et sa capacité à s'auto-amender grâce à la communauté qui la façonne. »

Le projet Vigicard a d'ailleurs bénéficié du soutien financier de la Fondation Tezos à hauteur de 100.000 euros, et de son support technique via sa filiale Nomadic Lab pour qui Vigicard est le premier projet en santé humaine.

« Vigicard est le point de départ d'une révolution majeure, tant pour la recherche et le suivi médical des patients que du point de vue technologique », est convaincu Cédric Roche, manager France Nomadic Labs.

Lire aussiLa startup Aviitam et le CHU de Montpellier innovent contre le risque de dénutrition

300.000 euros pour lancer la phase clinique

La version bêta de l'application Vigicard est active et le CHU de Montpellier cherche maintenant à lever des fonds, 300.000 euros, pour financer la phase des essais cliniques. Ils pourraient démarrer au premier semestre 2024, avec 400 patients et 200 professionnels de santé (déjà identifiés) pour une durée minimale de neuf mois.

« L'un de nos objectifs, à horizon 2026, est de faire qualifier l'application en tant que dispositif médical avec marquage CE, ce qui lui permettrait d'être remboursé par la sécurité sociale et les mutuelles », projette le cofondateur de Codinsight.

Le modèle économique de Vigicard n'est pas encore stabilisé mais si tous les feux passent au vert, l'application pourrait être déployée à l'échelle européenne. Des échanges sont d'ailleurs en cours avec deux CHU en Belgique et en Espagne. Par la suite, Vigicard pourrait être étendue à d'autres types d'allergies (alimentaires par exemple) et à la surveillance de la santé.

« Notre ambition, à termes, est que l'application soit acceptée dans le cadre du Bouquet de Services aux Professionnels de Santé, de manière à alimenter la plateforme Mon Espace Santé à destination des patients, conclut le professeur du CHU Montpellier. Cette facilité d'accès est en parfaite cohérence avec la feuille de route du numérique en santé. »

Lire aussiLe CHU de Montpellier investit dans la start-up Medxcell Science

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.