En Occitanie, la viticulture joue l’union sacrée face à la crise

Face aux défis que doit relever la viticulture régionale, les représentants de la filière occitane font taire leurs divergences et se fédèrent pour préparer l’avenir.
Sous l'égide de la Chambre régionale d'agriculture, un groupe de réflexion composé des interprofessions d'Occitanie, des Vignerons Coopérateurs et Vignerons Indépendants, du négoce et de l'union des distilleries, a planché sur un plan stratégique viticole d'avenir en Occitanie.
Sous l'égide de la Chambre régionale d'agriculture, un groupe de réflexion composé des interprofessions d'Occitanie, des Vignerons Coopérateurs et Vignerons Indépendants, du négoce et de l'union des distilleries, a planché sur un plan stratégique viticole d'avenir en Occitanie. (Crédits : Michèle Trévoux)

La crise économique qui secoue la viticulture régionale aura eu au moins l'avantage de réunifier la filière, souvent divisée, pour faire face aux multiples défis auxquels elle est confrontée. Sous l'égide de la Chambre régionale d'agriculture, un vaste groupe de réflexion composé de l'ensemble des interprofessions d'Occitanie, des Vignerons Coopérateurs et Vignerons Indépendants, du négoce et de l'union des distilleries, a planché sur un plan stratégique viticole d'avenir, qui a été présenté le 4 juin à la Région Occitanie.

« Dans notre région, le changement climatique devient de plus en plus concret chaque année. Ceci nous oblige à repenser et à accompagner les itinéraires techniques sur le vignoble pour les adapter et augmenter la résilience de la filière, en particulier sur l'optimisation des ressources en eau et la matière organique dans le sol. Sans oublier la capacité des acteurs à anticiper via le déploiement d'outils numériques d'aide à la décision, vers une viticulture 2.0 », indique la Chambre régionale d'agriculture dans un communiqué.

Ce plan prévoit également une analyse prospective des marchés pour identifier les nouveaux produits susceptibles d'être élaborés dans la région, comme les low-alcool, les cocktails à base de vin ou encore la valorisation des sous-produits. Une première mouture de ce contrat de filière avait été présentée en novembre dernier à la Région, qui s'est engagée à apporter un financement de 5 millions d'euros sur trois ans. Les professionnels doivent désormais détailler chaque action afin de les chiffrer pour permettre le fléchage de ces fonds. Un chiffrage qui devra être présenté en septembre à la collectivité régionale.

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Un service technique mutualisé

De leur côté, les trois interprofessions du bassin Languedoc-Roussillon (CIVL, CIVR et Inter Oc) ont décidé d'unir leurs ressources et moyens pour lancer un pôle technique. Cette structure, validée le 17 mai dernier, a pour vocation de piloter et mettre en œuvre les actions et projets de recherche et développement de la filière viticole régionale.

« Face à l'ampleur des enjeux d'adaptation vis-à-vis des évolutions en cours, le CIVL a renforcé son service technique en septembre 2022, mais l'ambition était bien de parvenir à mutualiser ce service à l'échelle régionale afin de gagner en efficacité et d'être au plus proche de la réalité du terrain », explique Christophe Bouquet, président du CIVL.

Les trois interprofessions étaient déjà fédérées au sein d'InterSud, sous la présidence de Jacques Gravegeal, président du Syndicat des producteurs de l'IGP Oc. Le pôle s'est donc naturellement adossé à cette structure.

« La gouvernance adoptée vise à alimenter un travail de fond et une feuille de route exhaustive de l'ensemble des problématiques auxquelles sont confrontées nos entreprises, qu'elles soient sur les coteaux languedociens ou roussillonnais, ou encore en plaine biterroise, qu'elles produisent des effervescents, des vins doux naturels, des vins rouges légers ou encore des rosés en monocépage », note Jean-Benoît Cavalier, vigneron et président de l'AOC Languedoc, qui a été élu pour trois ans à la tête de ce pôle, aux côtés de Richard Planas (vignobles Gérard Bertrand), vice-président.

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Matériel végétal et irrigation

Une feuille de route détaillée des actions et projets prioritaires de ce pôle sera élaborée dans les prochaines semaines. Elle comprendra certaines actions du contrat de filière régional, notamment les aspects relatifs au matériel végétal (cépages tolérants aux maladies ou à la sécheresse, mais également clones, porte-greffes) ainsi que les questions relatives à l'irrigation, la gestion du carbone ou encore les innovations produits.

Ce pôle technique, dirigé par Marie Corbel, intègre une commission stratégique qui s'appuiera sur les données économiques des différentes interprofessions pour créer le lien entre technique et économie, et assurer un pilotage global de la filière.

« La filière s'est mise en ordre de marche pour donner des perspectives d'avenir au plus grand bassin viticole de France. C'est une magnifique avancée », se réjouit Jacques Gravegeal.

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