Sécheresse : les Pyrénées-Orientales se dotent d’un plan de résilience et d’une « Madame Eau »

Le plan de résilience sécheresse des Pyrénées-Orientales, présenté le 22 mai par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, ménage le moyen et le long terme. Les détails.
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, était dans les Pyrénées-Orientales, à à Argelès-sur-Mer, ce mercredi 22 mai, pour présenter le plan de résilience « sécheresse ».
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, était dans les Pyrénées-Orientales, à à Argelès-sur-Mer, ce mercredi 22 mai, pour présenter le plan de résilience « sécheresse ». (Crédits : Ministère de la Transition écologique)

Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, était dans les Pyrénées-Orientales, ce mercredi 22 mai, pour présenter le plan de résilience « sécheresse » concocté depuis des semaines par ses services « en concertation avec les acteurs locaux ». Outre le cadre général, la liste des six ou sept projets structurants dont l'État assurerait une partie du financement était très attendue...

Les services du ministère ont donc retenu trois projets de réutilisation d'eaux de station d'épuration : à Argelès-sur-Mer pour irriguer potentiellement 583 hectares de terres agricoles (objectif : 1,2 million de mètres cubes d'eau de classe B ou C par an), à Saint-Cyprien pour alimenter le golf, les aires de lavage de bateaux et les terres agricoles (objectif : 1 million de mètres cubes d'eau de classe A par an), et à Canet-en-Roussillon pour alimenter les usages techniques comme les voiries et à terme 500 hectares de terres agricoles (objectif : 0,5 million de mètres cubes d'eau de classe B ou C par an).

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Un deal « donnant-donnant »

L'État viendra en plus en appui sur trois projets agricoles : la sécurisation par le maillage des réseaux d'irrigation de l'Agly, secteur le plus en difficulté encore aujourd'hui, la mise en place d'une télégestion à la parcelle sur le canal de Corbère (1.100 hectares de cultures) et la modernisation du canal de Perpignan qui sert notamment au remplissage du lac de Villeneuve-la-Raho, ainsi que la rénovation des réseaux fuyards à Ille-sur-Têt.

Enfin, trois études sont au programme : celle de la faisabilité du prolongement d'Aqua Domitia qui avait été annoncé lors de la précédente visite du ministre en mars dernier, les études pour évaluer les possibilités de valorisation de 6 à 10 millions de mètres cubes d'eau de la station d'épuration de Perpignan ou la création d'un adducteur entre le barrage de Vinça et le lac de Villeneuve-la-Raho, et enfin, le sujet emblématique du département, la création du réseau d'irrigation et de deux réservoirs dans les Aspres, dans les tuyaux depuis treize ans. Voilà pour le concret.

Quid des factures ? L'État met sur la table 10 millions d'euros par l'intermédiaire de l'Agence de l'eau, et le plan hydraulique (20 millions d'euros) pourra être sollicité, ainsi que les « Aqua Prêts » de la Caisse des dépôts, amortissables sur soixante ans et destinés à porter ce type d'investissements.

Mais c'est un deal « donnant-donnant » a rappelé le ministre, qui a posé avec précision les exigences de l'État. Les principales résident dans l'acquisition de données sur la consommation et la pose de compteurs volumétriques, la régularisation des forages non déclarés, ou la rénovation des réseaux les plus fuyards. Mais aussi le dossier qui ne manquera pas de susciter de vives tensions : la modification de la gouvernance, avec la création d'organismes uniques de gestion collective pour les canaux et les eaux souterraines.

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« Mais que fait-on aujourd'hui ? »

Du côté du monde agricole, qui manifestait mercredi matin devant la préfecture (où le ministre n'était finalement pas, lire plus bas...), on salue les avancées mais sans enthousiasme.

« L'État a beaucoup d'exigences mais oublie de répondre au court terme. Ce que nous craignons, c'est de nous voir appliquer de nouvelles contraintes dans cinq mois et de n'avoir l'eau dont nous avons besoin que dans dix ans », expliquait Bruno Vila, président de la FDSEA des Pyrénées-Orientales avant les déclarations du ministre.

David Massot, arboriculteur et en charge du dossier eau à la FDSEA, complétait un peu plus tard : « On a un secteur qui est en train de tout perdre dans la vallée de l'Agly, et il n'y a pas de réponse immédiate pour ça. Le moyen terme, c'est bien, mais que fait-on aujourd'hui ? Au contraire, on a l'impression que l'étau se resserre autour de nous... »

Attendu en début de matinée à la préfecture par les agriculteurs qui réclamaient d'être reçus, le ministre avait déjà modifié son emploi du temps et pris le chemin du port de Canet-en-Roussillon où devaient être rendues publiques les annonces devant un parterre d'élus.

Quant au golf de Villeneuve-la-Raho, dont la construction est controversée dans un contexte de sécheresse, le ministre a piteusement expliqué sur France Bleu Roussillon qu'il ne pouvait rien faire pour interdire sa construction puisque l'État est lié par une décision de justice, ses demandes d'annulation du projet ayant été déboutées. Il avait pourtant déclaré, en mars dernier, qu'« on ne [pouvait] pas regarder les projets d'aujourd'hui avec les yeux d'hier »... Il a toutefois indiqué que « des conditions seraient posées », en particulier celle que le golf soit alimenté en eau à 100% par les eaux grises du projet immobilier contigu comprenant 600 logements. Au grand dam des opposants qui ne cesse d'affirmer que c'est impossible...

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Madame Eau

Le ministre a aussi nommé, comme c'était prévu, une « Madame Eau » qui sera chargée de piloter le dossier en lien avec le préfet des Pyrénées-Orientales. Il s'agit de Christine Portero-Espert, ingénieure de l'Agence régionale de Santé. Mais aussi ancienne adversaire (Modem) de Louis Aliot (RN) aux législatives de 2017.

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