French Tech Méditerranée : 10 ans de success-story collective

Dix ans, l’âge de la maturité ? Le 10 octobre, l’écosystème économique s’était réuni à Montpellier pour souffler ensemble les dix bougies de la French Tech Méditerranée. L’occasion pour la communauté locale du coq rose de dresser le bilan du chemin parcouru et de faire le point sur les défis à venir.
Michael Delafosse, mairie de Montpellier, et Nordine Nordine El Ouachmi, président de la French Tech Méditerranée, à l'occasion de la célébration des 10 ans de l'écosystème tech local le 10 octobre au Musée Fabre.
Michael Delafosse, mairie de Montpellier, et Nordine Nordine El Ouachmi, président de la French Tech Méditerranée, à l'occasion de la célébration des 10 ans de l'écosystème tech local le 10 octobre au Musée Fabre. (Crédits : French Tech Méditerranée)

Dix ans, c'est le type d'anniversaire qui invite à dresser le bilan du chemin parcouru.

« Aujourd'hui, on compte plus de 99 communautés French Tech dans le monde et 16 capitales French Tech labellisées, dont Montpellier qui fait partie des premières labellisées en France », rappelle Nordine El Ouachmi, CEO de Bureaux&CO et président de la French Tech Méditerranée depuis janvier 2023.

Devant lui le 10 octobre au Musée Fabre de Montpellier, quelque 250 personnes réunies autour d'un buffet pour fêter cet anniversaire. Avec, sur toutes les vestes, T-shirts et chemisiers, le désormais célèbre petit coq rose en origami qui fait la fierté de la French Tech à travers le monde.

L'événement est l'occasion de se pencher sur la saga locale de la French Tech à travers les personnalités qui ont permis son existence. À commencer par Katia Vidic, cofondatrice de Nelis, qui a fortement contribué à sa genèse. Et ce dès 2013, quand Fleur Pellerin, ministre chargée de l'Economie numérique, souhaite développer le concept de « startup nation » pour valoriser l'innovation dans le milieu du numérique français.

« Avant 2013, il n'y avait pas de levée de fonds en région à plus d'un million d'euros, se rappelle Katia Vidic. Quand Fleur Pellerin a annoncé la création du label, nous avons été une vingtaine de startuppers à nous engager à Montpellier. Nous avions envie d'une dynamique plus ouverte, notamment à l'entrepreneuriat féminin, tout en misant sur la mixité et la pluralité de l'écosystème. Cela a été au-delà de nos espérances, nous permettant de fédérer près de 3.000 acteurs. »

Une communauté ouverte

Montpellier est l'une des neuf villes françaises à recevoir le label en 2014, renouvelé en 2018. Une reconnaissance. Au niveau national, il s'agit désormais de créer des communautés en région portées par des associations.

« On s'est demandés comment élargir le territoire car des startups, nous en avons à Montpellier, à Béziers, à Nîmes, en Lozère... », se remémore Frédéric Salles, CEO de SCOP3, à l'époque fondateur de Matooma et président de la French Tech Montpellier (2018-2019).

Naît un projet commun et un nouveau nom : la French Tech Méditerranée, « French Tech Med » pour les afficionados.

Une dynamique que poursuit Clément Saad, CEO de Pradeo et président de la French Tech Méditerranée de 2019 à 2022, portant la volonté de conserver une identité commune et fédératrice.

« La French Tech étant un mouvement national, il nous fallait lui donner une couleur locale et pour cela nous appuyer sur les spécificités du territoire, se souvient-il. Nous ne voulions pas imaginer cela comme une association mais plutôt comme un mouvement, une dynamique fédératrice. À partir de là, nous avons construit tout un ensemble de programmes pour créer un climat positif et sain qui contribue au succès de nos boîtes. »

Alors qu'en janvier 2023, Clément Saad transmet le flambeau de la présidence de la French Tech Méditerranée à Nordine El Ouachmi, le verdict tombe moins d'un mois plus tard : le label French Tech est renouvelé une deuxième fois. La communauté French Tech est désormais une évidence.

Lire aussiLa French Tech Méditerranée renouvelle sa labellisation de Capitale French Tech

L'élan collectif de la French Tech

Deux serial-entrepreneurs de Montpellier témoignent du rôle qu'a joué la French Tech dans leur success-story économique. Notamment Christophe Carniel, fondateur de NETIA (revendue depuis à Orange) puis cofondateur de VOGO (12 millions d'euros de chiffre d'affaires), première sporttech cotée en bourse en 2018, qui fête aussi ses dix ans cette année.

« Il y a dix ans, le mot sporttech n'existait pas en France, et le label French Tech m'a permis de m'identifier à quelque chose, notamment quand nous étions en train de chercher à obtenir des marchés à l'international, souligne Christophe Carniel. Nous avons fait des salons sous l'égide de la French Tech, ce qui nous a ouvert des portes et permis de nous rapprocher de personnes qui nous ont aidés financièrement. »

Autre parcours « modèle », celui de Loïc Soubeyrand. Déjà à l'origine du succès de Teads, startup spécialisée dans les formats vidéos innovants dont il était le cofondateur, l'entrepreneur montpelliérain crée Swile en 2016. Cette nouvelle startup (à l'époque nommée lunchr) est une pionnière dans la dématérialisation des titres-restaurant. C'est aujourd'hui l'une des licornes françaises, qui pèse « 160 million d'euros de chiffre d'affaires » selon son CEO. Lequel en profite pour annoncer que le groupe, implanté en France et au Brésil, est « profitable pour la première fois de son histoire » et vise « 30 à 40 millions d'euros de profitabilité l'année prochaine, 75 millions d'euros l'année d'après ». Le rôle de la French Tech dans ce succès hors normes ?

« Il y a dix ans à Montpellier, on savait lancer des projets, éventuellement monter une boîte, note Loïc Soubeyrand. Puis cet écosystème s'est développé, avec un bond majeur ces dix dernières années grâce à l'effet écosystémique. Nous avons tous bénéficié de cet élan collectif. S'il n'y avait pas eu la lumière sur l'écosystème French Tech permettant aux investisseurs étrangers de regarder les projets qui commençaient à sortir du lot pour investir massivement dessus, nous n'aurions jamais réussi à faire notre levée de fonds de 200 milliards d'euros (en octobre 2021, NDLR) ».

« Ne pas confondre résilience et entêtement »

Les deux entrepreneurs montpelliérains en profitent pour administrer quelques conseils aux jeunes startuppers : « Il faut beaucoup d'humilité par rapport au fait d'entreprendre. J'ai eu la chance de créer deux entreprises, ce sont deux aventures différentes. Il faut oser, il faut y croire, et surtout ne pas rester dans son coin », conseille Christophe Carniel.

Le CEO de Swile est quant à lui beaucoup plus pragmatique : « Se lancer est un acte majeur. Très vite on rentre dans la phase 0 à 1, il faut trouver le bon projet pour le bon marché, c'est le "product/market fit". Le propre d'un entrepreneur est de ne pas confondre résilience et entêtement. Notre job, dans cette phase, est de piloter en permanence et d'écouter. Celui qui a la clé est celui qui est sur le terrain. »

Lire aussiAprès 138 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, Swile annonce la rentabilité au prochain trimestre

Une dynamique et des enjeux : la transition écologique et la parité

Du haut de ces dix ans, la communauté doit regarder en face les enjeux auxquels se trouve confronté l'écosystème French Tech. Il s'agit, selon Nordine El Ouachmi, de « garder et conserver notre rang en tant que "startup nation" et de continuer à faire émerger des entreprises technologiques de rang mondial ». Sans omettre les enjeux de transition écologique ou de parité (20% seulement des startuppers sont des femmes, selon la French Tech Med).

« L'axe environnemental est essentiel :  avec le programme Impact You, nous souhaitons évangéliser les bonnes pratiques au sein des startups, confie Nordine El Ouachmi à La Tribune. Avec le programme French Tech Tremplin, nous essayons de promouvoir plus de parité, de diversité et d'inclusion dans la tech, afin de mieux représenter l'écosystème et la société au sens large. Plus de femmes, plus de personnes issues des quartiers prioritaires, plus d'étudiants... Ce sont des personnes qui n'ont pas le réseau ni la formation, mais dès qu'on arrive à faire le lien, cela marche car il y a des talents et des idées très pertinentes qui méritent d'être mises en avant et accompagnées. »

En conclusion de cette soirée, le mairie de Montpellier et président de Montpellier Métropole Michael Delafosse est venu saluer « le dynamisme des entrepreneuses et entrepreneurs » et rappeler que « la dynamique French Tech à Montpellier a généré de l'emploi et créé de la richesse sur le territoire ».

Rendez-vous est donné pour l'inauguration de la Halle de l'innovation, le 18 octobre, au coeur du quartier Cambacarès, « le grand quartier dédié aux entreprises du numérique ». Là où la French Tech Méditerranée a ses bureaux.

French Tech Rise : CILcare en finale

Début octobre, a été annoncé le lauréat montpelliérain de French Tech Rise : CILcare, société spécialisée dans la R&D de nouvelles thérapies pour les pathologies auditives. L'entreprise est ainsi sélectionnée pour la finale nationale qui aura lieu le 6 décembre prochain à Paris. French Tech Rise est un programme national lancé en 2021 afin de valoriser le dynamisme des écosystèmes French Tech partout en France. Une manière de donner une visibilité bénéfique à « des startups issues de tous les territoires face à des fonds d'investissement en capital-risque reconnus » selon la French Tech.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.