« Nous faisons un choix : gagner en impact dans l'accompagnement des entreprises » (E. Royère, Eurobiomed)

ENTRETIEN - L’année 2023 restera comme une année riche en bonnes nouvelles pour le pôle de compétitivité santé Eurobiomed et ses écosystèmes. Quatre projets, inscrits dans quatre métropoles de son périmètre (régions Occitanie et Paca), sont lauréats parmi les 16 projets annoncés à la mi-mai par le Président Macron dans le cadre de France 2030. Un coup d’accélérateur prometteur pour les entreprises de filière santé des deux régions du sud de la France. Décryptage des enjeux et de la feuille de route 2023 d’Eurobiomed avec Emilie Royère, sa directrice générale, au lendemain de son assemblée générale.
Cécile Chaigneau
Emilie Royère, directrice générale d'Eurobiomed.

Le pôle de compétitivité santé Eurobiomed, dont le président est Eric Vacaresse, directeur des relations scientifiques Europe de Sanofi Hub R&D France, depuis l'été 2022, opère sur les régions Paca et Occitanie, a tenu son assemblée générale le 1er juin à Montpellier (où est basé son siège social depuis le 1e janvier 2023).

LA TRIBUNE - Quels ont été les temps forts de l'année 2022 pour le pôle Eurobiomed ?

Emilie ROYÈRE, directrice générale d'Eurobiomed - J'évoquerais d'abord un vrai retour en force de l'accompagnement à l'innovation avec le plan France 2030 et de grands partenariats très structurants qui viennent affirmer un travail nouveau d'Eurobiomed pour déverrouiller des problématiques sur lesquelles nous n'allions pas jusqu'alors : le foncier - qui est souvent un facteur limitant du développement des entreprises -, l'investissement, et le décloisonnement de l'équipe de France avec Enosis Santé. Sur le foncier, nous avons conclu un partenariat avec l'opérateur immobilier DocCity LifeSciences qui propose des lieux d'exception pour l'accueil de l'innovation en santé : il va ainsi développer DocCity Marseille (dans le 9e arrondissement, NDLR), un biopole centré sur la recherche et l'innovation,  soit plus de 8.500 m2, dont 3.500 à 4.000 m2 dédiés aux entreprises. Sa commercialisation est en cours auprès d'entreprises endogènes mais aussi exogènes et il devrait ouvrir à la mi-2024... Le partenariat avec UI Investissement, un acteur majeur du capital investissement (1,5 Mds € d'actifs sous gestion, NDLR), qui est en cours de concrétisation, va nous permettre de présenter des entreprises d'Eurobiomed... Enfin, il y a un an, nous avons créé Enosis Santé avec les trois autres pôles de compétitivité français en santé BioValley France, Lyonbiopôle Auvergne-Rhône-Alpes et Medicen Paris Région, pour amplifier le leadership de la France en matière de santé : c'est un vrai tournant dans notre histoire, qui va permettre à toutes les entreprises des quatre pôles de bénéficier du meilleur de chacun et qui nous permet de devenir un interlocuteur de poids crédible auprès des autorités. L'enjeu de la phase 5 des pôles de compétitivité pour Eurobiomed est de savoir équilibrer nos actions entre la mise en commun autour d'Enosis Santé, et la consolidation de nos actions au niveau local. L'objectif est de ne plus avoir de frontières entre les pôles santé du territoire.

De bonnes nouvelles viennent de tomber : quatre projets, dans le sud de la France, sont lauréats du volet Innovation Santé du plan France 2030, à savoir le Marseille Immunology Biocluster (97 millions d'euros), l'IHU RespirERA à Nice (20 millions d'euros), l'IHU Immun4Care à Montpellier (20 millions d'euros), et l'IHU HealthAGE à Toulouse (5 millions d'euros). Qu'est-ce que cela représente pour les écosystèmes santé des régions Occitanie et PACA ?

Nous sommes évidemment ravis des résultats pour notre territoire, qui démontrent que nous avons des écosystèmes performants et professionnels. Eurobiomed a soutenu les quatre projets lauréats... Par exemple, le Marseille Immunology Biocluster vient concrétiser un travail de dix ans de spécialisation du territoire autour de l'immunologie. Un hub international des thérapies immunologiques à Marseille permettra d'attirer et de fidéliser les meilleures équipes mondiales d'immunologie en France, de détecter et soutenir les projets les plus créateurs de valeur ajoutée, de constituer un site commun où la diversité des secteurs publics-privés et des thématiques est cultivée pour produire l'innovation la plus rapide et la plus utile.... Ces Ces "grands objets" vont apporter des moyens et de la visibilité pour les écosystèmes. Il y aura un avant et un après !  On a senti qu'Emmanuel Macron souhaitait que cela génère un fort impact sur les écosystèmes. Eurobiomed facilitera l'interaction de ces quatre projets sur son territoire, maximisera tous ces financements et créera des passerelles entre ces grands projets structurants et les écosystèmes... Les labellisations viennent booster la crédibilité déjà identifiée des acteurs qui portent les IHU ou le biocluster de Marseille. Il y aura un effet levier indéniable et cela va amener des investissements privés, donc un ruissellement sur tout l'écosystème. Cela signifie aussi de nouveaux projets, des chaires d'excellence, des startups...

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Il y a aussi de bonnes nouvelles sur le volet industriel...

Oui, avec les entreprises montpelliéraines Medincell et Quantum Surgical qui arrivent sur le marché américain, ou l'entreprise marseillaise DiogenX (traitement du diabète, NDLR) qui vient de lever 27,5 millions d'euros. Ou encore RegenLife à Montpellier qui a refait un tour de table à 35, millions d'euros... Compte tenu de l'ambiance très attentiste que traverse les biotech, ce sont des signes d'optimisme pour le réseau.

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Que contient la feuille de route 2023 du pôle Eurobiomed ?

C'est une feuille de route pour les cinq prochaines années. Nous faisons un choix : gagner en impact dans l'accompagnement des entreprises. Ce qui induit de ne plus être dans une course à la croissance du nombre d'adhérents mais d'accompagner les entreprises vers un changement d'échelle par des programmes plus ciblés et plus efficaces. Cela implique de mettre en place de nouvelles actions comme du mentoring, de renforcer les relations avec les fonds d'investissement, de travailler la question du foncier et du recrutement avec eux, d'augmenter leur visibilité. Nous décidons également de mettre tous nos efforts sur les thématiques de France 2030 (7,5 milliards d'euros, NDLR) : la santé numérique, la biothérapie, la bioproduction, les dispositifs médicaux et les maladies infectieuses. Nous choisissons ainsi d'être pragmatiques et de jouer le rôle de courroie de transmission en identifiant les projets et opportunités de France 2030 pour que les entreprises du territoire bénéficient de ces financements-là, qui sont exceptionnels... Enfin, un sujet nouveau a été ajouté à notre feuille de route : consacrer l'ouverture d'Eurobiomed à l'Afrique et être le hub d'accueil pour les entreprises africaines qui voudraient s'installer en Europe.

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En quoi la création de l'Agence de l'innovation en santé (AIS), lancée en octobre 2022 et qui doit permettre un pilotage transversal et coordonné de l'innovation et de la recherche en santé, est une bonne nouvelle pour les écosystèmes de santé ?

Nous avons reçu Lise Alter, la directrice générale de l'AIS en mars puis ce 1er juin à notre AG. L'AIS va s'appuyer sur les acteurs régionaux pour les sourcer, repérer et accompagner les projets innovants et favoriser l'émergence de pépites régionales. Elle a vocation à accélérer la mise sur le marché de nouvelles innovations. Cette agence donne un espoir, une dynamique à la filière.

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Eurobiomed : le pôle en chiffres

  • 426 adhérents dont 360 entreprises 

  • Plus de 140 projets d'entreprises dont 66 entreprises diagnostiquées et 79 
contrats d'accompagnement 

  • 30 projets financés et 26 projets en cours d'instruction pour un budget total de plus de 86 millions d'euros dont 38 millions d'euros de financement public 

  • 135 millions d'euros de fonds levés par des membres d'Eurobiomed 

  • 28 événements organisés 

  • Près de 80 chercheurs, cliniciens, entrepreneurs, et investisseurs qui œuvrent aux côtés de l'équipe 
opérationnelle.

Cécile Chaigneau

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